Le western Law of the Border (La Loi de la frontière) avait disparu pendant 33 ans ! D'une durée de 1h16, il raconte l'histoire d'Hidir, qui vit dans le village turc de Deliviran, situé près de la frontière syrienne. La contrebande y est omniprésente et Hidir, qui s'en tenait éloigné, va se retrouver involontairement au cœur de ce monde corrupteur et destructeur.
Le Clint Eastwood turc en tête d'affiche
Le film terminé n'a pas grand-chose à voir avec le projet initial. Nous sommes en 1964, et le réalisateur turc Lütfi Ömer Akad, pourtant à la retraite, accepte de repasser derrière la caméra sur l'impulsion du jeune acteur Yılmaz Güney (27 ans à l'époque) dont les films d'action ont souvent été comparés à ceux tournés par Clint Eastwood durant les décennies 70 et 80.
Selon le dossier Criterion qui accompagne le film, Akad réécrit complètement le scénario assez bourrin proposé par Güney pour en faire autre chose : en reprenant le thème de la frontière séparant la Syrie de la Turquie et la contrebande entre les deux pays, le cinéaste décide de se rendre sur le terrain et d'écrire un film au plus proche de la réalité actuelle du pays.
Un film censuré pendant 33 ans
Plus qu'un western au sens traditionnel du thème, La Loi de la frontière s'inscrit dans la veine du néoréalisme, en ce sens qu'il étudie davantage l'évolution sociale de ce recoin de la Turquie après une période oppressive qu'il ne présente un divertissement au sens où l'entend le classique western hollywoodien.
Pour son sujet politique, assez inédit à l'époque dans le cinéma turc, le film a été purement et simplement censuré.
Suite à un coup d'Etat en 1980, le gouvernement turc a tenté d'effacer le film des mémoires, faisant saisir toutes les copies et négatifs du film pour les détruire. Mais la fille du réalisateur avait réussi à conserver une copie qui a été restaurée par la Cinémathèque de Bologne en 2013.
Difficilement visible en France, La Loi de la frontière (Law of the Border) a été édité dans la collection Criterion, couplé avec cinq autres films "du monde" repérés par Martin Scorsese, ou en duo avec Taipei Story, film taïwanais d'Edward Yang sorti en 1985.