De quoi ça parle ?
Nejma s’entraine dur pour réaliser son rêve et remporter la prochaine course camarguaise, un concours où l’on défie les taureaux dans l’arène. Mais alors que la saison bat son plein, des disparitions suspectes inquiètent les habitants. Très vite la rumeur se propage : une bête sauvage rôde…
C'est une rareté ! Un film français alliant western au féminin et fantastique. C'est le cocktail proposé par Animale, second long métrage d'Emma Benestan, présenté à la Semaine de la Critique lors du Festival de Cannes 2024. Ce film se déroule dans le milieu de la tauromachie, ou précisément ici de la course camarguaise.
Rencontrée en tandem, avec son actrice principale Oulaya Amamra (retrouvez notre entretien en longueur, en version podcast), AlloCiné a demandé à la réalisatrice Emma Benestan d'où venait cette envie de réinventer le genre du western à sa manière.
Je trouve que c'est intéressant de bousculer un peu le genre
"Je crois qu'on a tous envie de partager des émotions avec un public et d'avoir ces mêmes sensations de peur ou de grande rigolade, comme quand on est enfant ou adolescent. De ces représentations, j'ai toujours essayé d'en tirer une sorte de réflexion. Où est le masculin ? Où est le féminin ? Où est l'endroit de genre ? Et où je veux placer des personnages ? Où je trouve qu'ils doivent exister dans des genres. La rom-com, c'est un genre dit plus féminin. Il y a peu de héros masculins dans les rom-com habituels. Et le western, c'est l'inverse. Il y a très peu de femmes. Je trouve que c'est intéressant de bousculer un peu le genre et de reprendre ses codes pour interroger aussi notre propre rapport aux représentations.
Dans le dossier de presse du film, Emma Benestan poursuit : "Le genre permet la métaphore de l’imaginaire, et, à mon sens, plus on l’ouvre, plus proche on est de la réalité et de la société. Qu’il s’agisse de la comédie ou du film d’horreur, je crois que le genre est un filtre populaire qui permet de faire passer des messages parfois difficilement audibles. Je ne me suis jamais dit qu’Animale n’était qu’un western (...)."
Et d'ajouter : "J’ai eu la chance de travailler avec des productrices qui n’ont pas cherché à me cantonner à un genre plutôt qu’un autre et qui m’ont laissé libre. Le film est hybride, comme les films que j’aime regarder. J’adore Get Out et It Follows par exemple, parce que ce sont des films de genre traversés par une vision et une pensée, sur le racisme dans le premier, sur la sexualité abusée dans le second. Ça en fait des films qui rompent avec le classicisme. L’horreur n’est jamais gratuite ou gadget, mais elle crée de l’inconfort, physiologiquement et psychologiquement."
Animale captive par son ambition cinématographique, son envie de tenter des choses. "Il y avait l'envie d'une sensorialité qui évolue au fur et à mesure du film. Le monde change autour d'elle. (...) Dans la manière de filmer, il fallait qu'on soit vraiment immergés et qu'on ne perde jamais ces sensations de nature toujours présentes..."
Animale d'Emma Benestan sort au cinéma ce mercredi 27 novembre 2024.
Propos recueillis au Festival de Cannes 2024