Heretic, par les créateurs de Sans Un Bruit
Deux jeunes missionnaires de l'église mormone d'une petite ville du Colorado font du porte à porte dans l'espoir de convertir les habitants à leur foi. Le soir venu, après une journée infructueuse, elles décident de frapper à la porte d'une maison isolée et sont accueillies par le charmant Mr Reed.
Mais très vite, les jeunes femmes réalisent qu’elles sont tombées dans un piège. La maison est un véritable labyrinthe où elles ne pourront compter que sur leur ingéniosité et leur intelligence pour rester en vie…
En salle cette semaine, Heretic est réalisé par Scott Beck et Bryan Woods, connus pour leur travail sur Sans un bruit, mais aussi le scénarisé par Rob Savage, à qui l’on doit Le Croque-Mitaine. Tout droit sorti du studio A24, Heretic s’offre un casting impressionnant porté par Hugh Grant en sympathique Mr Reed, un personnage à la double personnalité glaçante. Sœur Barnes et Sœur Paxton, les deux captives de cette maison de l’horreur respectivement incarnées par Sophie Thatcher (Yellowjackets et Companion) et Chloe East (The Fabelmans), forment quant à elles un duo ingénieux et complémentaire.
Un équilibre subtil entre terreur et introspection
Si depuis toujours le cinéma d'horreur a cherché à provoquer une montée d'adrénaline chez le spectateur avec, parfois, l’emploi de jumpscares faciles ou des monstres grotesques, Heretic choisit une autre voie : celle de la subversion des codes classiques pour offrir une expérience inédite mêlant horreur mystique à une touche d’humour parfaitement maîtrisée. Le personnage de Mr Reed, incarné par Hugh Grant avec un plaisir non dissimulé, aime en effet porter en dérision les situations les plus extrêmes, conférant au film cette note d’ironie.
Loin de se contenter d'effrayer, Heretic explore des thèmes existentiels tels que la culpabilité, la foi vacillante et les traumatismes enfouis. Ici, le mal ne se limite pas à une entité surnaturelle : il prend racine dans les doutes et les failles des personnages. Croire ou ne pas croire ? Telle est la question que pose le film.
Avec une esthétique soignée et une direction d'acteurs magistrale, Heretic se distingue par sa capacité à marier une ambiance oppressante à une réflexion intime. Les silences y sont aussi glaçants que les cris, et chaque plan semble conçu pour hanter bien après le générique.
Un cinéma d'horreur repensé pour une ère moderne
Dans un contexte où le public devient de plus en plus exigeant, Heretic propose une lecture rafraîchissante du genre et s'inscrit dans la lignée de films comme Midsommar ou It Follows, qui privilégient une immersion totale plutôt qu'une succession de sursauts artificiels.
Les choix audacieux de mise en scène, comme l'utilisation de la lumière naturelle et des mouvements de caméra presque chorégraphiques, confèrent à l'œuvre une identité visuelle forte.
De plus, la bande-son hypnotique amplifie cette atmosphère anxiogène, jouant sur des nappes sonores subtiles et des silences dérangeants pour maintenir une tension constante.
En brisant les codes établis, Heretic ouvre la voie à une nouvelle ère de cinéma d'horreur : un genre qui ne se contente plus de faire peur, mais qui questionne et fascine. Loin d’être un simple film d’épouvante, Heretic est avant tout une expérience à vivre au cours de laquelle chaque spectateur est invité à affronter ses propres peurs.
Glaçant de modernité, Heretic est à retrouver dès maintenant dans vos salles de cinéma.