De quoi ça parle ?
Après 14 ans de vie commune, Ale et Alex ont une idée un peu folle : organiser une fête pour célébrer leur séparation. Si cette annonce laisse leurs proches perplexes, le couple semble certain de sa décision. Mais l’est-il vraiment ?
Ils ont une mauvaise nouvelle à annoncer à leurs amis et à leur entourage. Ils se séparent ! C'est le fil conducteur, tout simple, de Septembre sans attendre : celui de faire cette annonce, et recueillir la réaction de l'entourage.
La vraie surprise du film est qu'il se dégage un vrai sentiment de légèreté, qui prend des allures de comédie romantique. Pour donner un côté léger à cette séparation, le couple séparé explique en effet vouloir organiser... une fête de séparation ! C'est l'autre originalité de ce film, vouloir célébrer la séparation. Un mécanisme de répétition délibéré se met alors en place : assister encore et encore à la même annonce et observer les variantes des réactions.
Une mécanique de répétition, à la Un jour sans fin
"J’apprécie la répétition dans le cinéma, en général. Je peux même dire que l’un de mes films préférés, celui que j’ai le plus regardé, c’est Un jour sans fin de Harold Ramis, indique le réalisateur et coscénariste Jonas Trueba. C’est un film fondamental pour moi. Enfant, je suis allé le voir plusieurs fois, et vivais moi-même dans la répétition de la vision de ce film. Dans Un jour sans fin, Bill Murray change mais les autres agissent toujours de la même façon, alors que dans Septembre sans attendre, c’est la réaction des autres qui change."
Si la répétition est présente, le cinéaste joue avec la forme, pour éviter une lassitude, et propose même des séquences tendant vers la comédie musicale !
De la légèreté dans le drame
Le tour de force du film est aussi de déjouer certaines attentes. On pourrait légitimement se dire que Septembre sans attendre va éclairer les raisons de la séparation du couple. Le spectateur n'en saura finalement jamais rien, et le réalisateur place les enjeux du film ailleurs, contribuant également au sentiment de légèreté qui s'en dégage. "Pour moi, c’est important qu’il n’y ait pas de raison concrète, que cela soit presque un mystère, pour éviter que le film devienne trop réaliste."
Et d'ajouter : "Habituellement, les films sur des couples et des ruptures contiennent un drame évident : les enfants, une infidélité… Pas ici. Je voulais vider le film de tout élément commun, reconnaissable ; qu’il reste éthéré. Ce qui le fait résonner avec les comédies romantiques classiques."
Un film dans le film
A l'image d'un autre long métrage vu récemment au cinéma, Le deuxième acte de Quentin Dupieux, Septembre sans attendre propose une forme de mise en abîme du cinéma, avec le montage d'un film au sein de l'intrigue. Des situations qui plairont au public cinéphile. Le film convoque également un certain nombre de références, comme à Eric Rohmer. Il y aussi des références à Stanley Cavell, théoricien (dont parle également Arnaud Desplechin dans le film Spectateurs ! qui sortira en 2025). C'est à Stanley Cavell qu'on doit le concept de "comédie de remariage".
"Ce n’est pas tellement une question intellectuelle du « film dans le film », mais plutôt comment nos vies et les films s’entremêlent. Ce n’est pas un film qui idéalise l’appartenance au monde du cinéma, mais montre plutôt la difficulté de faire coexister le travail, la vie et l’amour", précise Jonas Trueba.
Le film a été écrit à trois (le réalisateur et les 2 acteurs principaux) et marque le prolongement d'une collaboration au long cours de ce trio. "Si l’on compte mon moyen-métrage Miniaturas, c’est vraiment notre huitième film et demi (rires). J’ai tenté d’y agréger les expériences de films antérieurs, et c’était clair : je voulais faire le film avec Itsaso et Vito, et qu’ils jouent un couple (Ale& Alex) pour la troisième fois après Eva en août et Venez Voir. Utiliser les mêmes acteurs pour faire quelque chose de similaire, mais différemment. Je voulais également les associer à l’écriture, n’étant pas prêt à écrire un film seul. J’avais besoin de compagnie pour rire de mes erreurs et mes angoisses."
"J’ai essayé pour la première fois d’intégrer mon héritage familial, le cinéma classique, et une certaine idée de la comédie", conclut Jonas Trueba.
Septembre sans attendre arrive au cinéma le 4 septembre 2024.