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    Il n'y a pas que Alien au cinéma cette semaine ! Ne ratez pas La Mélancolie, un film fascinant venu du Japon
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    De Kitano à Ozu en passant par Kore-Eda, Kiyoshi Kurosawa, Miyazaki ou Mamoru Hosoda, il navigue avec ferveur dans la culture nipponne. À travers les œuvres de cinéastes tous plus différents les uns que les autres, il explore de nouveaux horizons, loin de la cacophonie hollywodienne.

    Le 14 août, "La Mélancolie" débarque au cinéma ! Vous ne devez pas rater cette pépite japonaise portée par une jeune comédienne magnétique et envoûtante.

    Si Alien Romulus risque bien de monopoliser les sorties du 14 août 2024, une pépite venue du Japon mérite également d'être dans la lumière. Dans un tout autre registre, La Mélancolie débarque au cinéma et ne manquera pas de vous émouvoir en plus de vous interroger.

    Second long-métrage du cinéaste japonais Takuya Katô, La Mélancolie nous présente la jeune Watako. Après la perte brutale de son amant, elle retourne discrètement à sa vie conjugale, sans parler à personne de cet accident.

    Lorsque les sentiments qu’elle pensait avoir enfouis refont surface, elle comprend que sa vie ne pourra plus être comme avant et décide de se confronter un à un à tous ses problèmes.

    La Mélancolie
    La Mélancolie
    Sortie : 14 août 2024 | 1h 24min
    De Takuya Katô
    Avec Mugi Kadowaki, Kentaro Tamura, Shôta Sometani
    Presse
    3,1
    Spectateurs
    2,9
    Séances (132)

    Du théâtre au cinéma

    Dramaturge et metteur en scène de théâtre, Takuya Katô a fait une 2ème infidélité à son milieu de coeur avec la réalisation de La Mélancolie, son second long-métrage après Grown-Ups en 2022. Né en 1993 au Japon, dans la préfecture d’Osaka, l'artiste commence à écrire pour la télévision et la radio à 17 ans.

    En 2011, il s’installe en Italie pour étudier la réalisation. À son retour au Japon, il fonde la compagnie de théâtre Takumi, au sein de laquelle il écrit et met en scène une vingtaine de pièces, qui lui valent plusieurs récompenses. Avant de réaliser son premier film en 2022, il écrit la série en 8 épisodes Kirei no kuni pour la télévision japonaise.

    "On pourrait peut-être dire que le point commun entre le théâtre et le cinéma est qu’ils permettent de regarder à l’intérieur d’espaces qui sont habituellement privés, auxquels on ne peut généralement pas avoir accès à moins d’y être invité. Ce sont des sentiments que l’on peut mettre en scène dans les deux arts", indique Takuya Katô.

    Art House
    Mugi Kadowaki est Watako

    L'importance de la mise en scène

    Avec sa mise en scène élégante et stylisée, ses comédiens au naturel déconcertant et sa manière de dépeindre un quotidien authentique, La Mélancolie rappelle certaines ambiances instaurées par de grands cinéastes asiatiques comme Kiyoshi Kurosawa et Hong Sang-Soo.

    Le réalisateur explique avoir pris soin de donner l’impression que l’on est spectateur de l’intimité de cette jeune femme et des personnages en général. Pour Takuya Katô, il était donc important qu’on ne se trouve pas trop proche d’elle.

    "J’estimais que cette distance était importante car elle devait permettre au spectateur de se poser en retour la question de ce qu’il ressent. Généralement, dès qu’il y a une émotion dans un film, la caméra à tendance à être de plus en plus proche de la personne qu’elle filme. J’ai justement fait en sorte de maintenir une certaine distance afin que le spectateur ait la place de se poser des questions, de se demander ce que le personnage peut bien penser", analyse le cinéaste.

    Art House

    La couleur des sentiments

    Le personnage de Watako, campée par Mugi Kadowaki, est captivant. Selon Takuya Katô, c’est un personnage qui est dans le déni, qui fait semblant de ne pas voir beaucoup de choses, "comme le fait que sa relation avec son mari se délite, celle avec sa belle-mère également qui leur demande pourquoi ils ne font pas d’enfants, ou encore le fait que son mari ait un enfant d’une autre femme. Voilà toutes les réalités que Watako refuse de voir."

    À travers Watako, le metteur en scène convoque différents thèmes comme la perte, le deuil, la crainte d'être blessé, l'enfermement dans son mal-être et le manque de communication. "Ouvrir les vannes des sentiments signifierait pour elle, devoir faire face à la profondeur de sa blessure. C’est de cela dont elle souhaite se protéger", explique le réalisateur.

    Par ailleurs, en explorant le déni de Watako, Takuya Katô souhaitait parler de cette tendance de la société japonaise actuelle à détourner le regard, à ne pas vouloir voir les choses en face. Le cinéaste estime que ce sont ces petites histoires individuelles qui permettent de parler plus largement de la société.

    "C’est la question de la communication qui était surtout centrale pour moi. La question du verbe, du mot, était aussi très importante. Est-ce que le dialogue peut permettre de résoudre les problèmes ? Est-ce que le fait que les deux époux aient une conversation peut suffire à réparer les choses entre eux ?", interroge le metteur en scène nippon.

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