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    The Crow 2024 : quelle ombre tragique plane sur le reboot du film culte des années 90 ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    En projet depuis de nombreuses années, le reboot de "The Crow" a enfin abouti, avec Bill Skarsgard dans le rôle principal. Mais l'ombre de Brandon Lee, décédé sur le tournage de l'original, plane évidemment sur le film.

    Ça parle de quoi ?

    Eric et sa fiancée Shelly sont sauvagement assassinés par un gang de criminels. Mais une force mystérieuse ramène Eric d'entre les morts, qui, doté de pouvoirs surnaturels, entreprend de se venger pour sauver son véritable amour.

    The Crow
    The Crow
    Sortie : 21 août 2024 | 1h 51min
    De Rupert Sanders
    Avec Bill Skarsgård, FKA Twigs, Danny Huston
    Presse
    2,0
    Spectateurs
    2,2

    A Crow et à cris

    Lorsque ce projet de nouvelle adaptation des comic books de James O'Barr a été évoqué pour la première fois, c'était en 2008. Le film The Crow réalisé par Alex Proyas n'était pas encore majeur puisqu'il fêtait ses 14 ans. Il en a désormais 30, au moment où cette relecture arrive enfin dans nos salles.

    Si le personnage principal, Eric Draven, est un guitariste de rock dans le matériau original, c'est une vraie valse qui s'est jouée en coulisses, les acteurs et réalisateurs allant et venant sur un film qui devient très vite l'un de ces serpents de mer hollywoodiens. Initié par Stephen Norrington (Blade), qui le quitte en 2011, le projet voit passer Juan Carlos Fresnadillo, F. Javier Gutiérrez puis Corin Hardy derrière la caméra. En vain.

    Pour ce qui est du casting, l'ensemble vire à la zumba. Premier choix de Stephen Norrintgon, alors que le scénario a été réécrit par Nick Cave, Mark Wahlberg ne participe finalement pas à l'aventure. Les noms de Bradley Cooper, James McAvoy, Ryan Gosling, Tom Hiddleston, Alexander Skarsgard, Nicholas Hoult ou Jack O'Connell sont évoqués avec plus ou moins de sérieux.

    D'Alexander à Bill Skarsgard

    Jack Huston et Jason Momoa ont même été choisis, à différents moments du développement, mais ils finissent tous par jeter l'éponge, ce qui laisse entendre que le projet est maudit. Mais celui-ci finit par voir le jour, grâce à Rupert Sanders et Bill Skarsgard, qui donne la réplique à FKA Twigs, Danny Huston et Sami Bouajila. Et son générique de fin porte les traces des longues années nécessaires pour le faire aboutir lorsqu'il rend hommage à trois de ses producteurs, décédés au cours du processus.

    Ce qui ne fait qu'accentuer l'ambiance mortifère qui englobe l'oeuvre. Depuis sa naissance en 1989, puisque les comic books ont été écrits par James O'Barr afin de surmonter le décès de sa petite amie, survenue lors d'un accident de voiture causé par un conducteur ivre. Et que l'on retrouve au coeur de sa première adaptation, signée Alex Proyas.

    Brandon Lee dans Gaumont Buena Vista International (GBVI)
    Brandon Lee dans "The Crow"

    Un long métrage sorti dans nos salles le 3 août 1994, précédé d'une réputation tragique, puisque son acteur principal, Brandon Lee, est mort sur le tournage. À cause d'un projectile resté coincé dans l'arme avec laquelle Michael Massee lui tire dessus dans une scène. Transporté aux urgences, le fils de Bruce Lee décède le 31 mars 1993.

    Moyennant le recours à une doublure (Chad Stahelski, futur réalisateur des John Wick) et l'usage d'effets spéciaux de pointe, qui rajoutent quinze millions de dollars au budget, Alex Proyas parvient à terminer le projet, dont l'ambiance gothique s'accorde parfaitement avec l'aura tragique (et culte) qui l'entoure, aujourd'hui encore. Au même titre que ses suites et son reboot.

    Le look de Bill Skarsgard (maquillage noir autour des yeux et tatouages en pagaille) est pourtant différent de celui des films précédents. Tout comme l'ambiance, moins gothique, sans non plus tomber dans l'esthétique réaliste et quasi-documentaire que promettait Stephen Norrington, car on reconnaît par moment le Rupert Sanders de Blanche-Neige et le chasseur dans quelques plans stylisés.

    Vivre avec l'héritage tragique de Brandon Lee

    Mais il est difficile, pour ne pas dire impossible, de ne pas sentir l'ombre du regretté Brandon Lee sur ce nouveau film. Et c'est là la malédiction de The Crow, qui fait écho à la condition d'Eric Draven : être pour toujours associé à l'accident tragique qui a endeuillé son premier passage au cinéma, le plus mémorable à ce jour. En termes de qualité déjà, puis car son aura dépasse des bords de l'écran et fait naître chez le spectateur un sentiment de tristesse qui participe à son atmosphère gothique, où la mort infuse dans chaque plan.

    Plus encore que les nombreuses années nécessaires à sa concrétisation, le nouveau The Crow arrive dans nos salles avec un double défi : faire mieux que le film d'Alex Proyas sur le plan qualitatif et réussir à vivre avec l'héritage tragique de Brandon Lee, dont la performance a aussi été rendue mémorable par ce qu'il s'est passé hors-champ, le rendant paradoxalement immortel.

    Au vu des nombreux obstacles qu'il a surmontés, le long métrage de Rupert Sanders a prouvé que rien n'était impossible. Reste maintenant à voir si le public sera réceptif à sa manière d'enrichir et renouveler la mythologie de ce héros que la Grande Faucheuse accompagne depuis sa naissance.

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