Se faire valider son cinéma par Orson Welles, c'est un peu comme obtenir un Oscar pour un film qu'on a tourné. C'est une sorte de haut fait, de galon que l'on peut porter fièrement avec soi tout au long de sa vie. Et Clint Eastwood peut se vanter d'avoir obtenu cette gratification au combien symbolique.
Dans le documentaire Clint Eastwood, la dernière légende de Clélia Cohen, le réalisateur Orson Welles est invité sur le plateau du Merv Griffin Show en 1982 et défend le réalisateur américain, salué en Europe, mais alors encore peu considéré dans son pays :
"J'aimerais recommander un film de Clint Eastwood. Je l'ai revu pour la quatrième fois : 'Josey Wales, hors-la-loi'. Eastwood est actuellement le réalisateur le plus sous-estimé au monde. On ne le prend pas au sérieux, comme les jolies filles ne sont pas prises au sérieux. Une jolie fille est forcément prise pour une idiote si elle est jolie, ou on ne croit pas qu'elle puisse bien jouer la comédie. Elle doit être un peu laide pour que les hommes lui pardonnent.
"Et un acteur comme Eastwood est un tel archétype du héros, de la star mythique, dans le style de John Wayne, que personne ne prend sa réalisation au sérieux, mais quelqu'un doit le dire. En revoyant ce film pour la quatrième fois, j'ai réalisé que c'est un des grands westerns avec les films de Ford, de Hawks, et je lui tire mon chapeau."
Vous pouvez écouter Welles en images :
Orson Welles est considéré comme l'un des réalisateurs les plus importants du cinéma depuis qu'il a signé avec son premier long métrage Citizen Kane un chef d'œuvre formel pour l'époque, doté d'une histoire de 'rise and fall' qui en ont fait un classique intemporel. Autant dire que sa validation de Clint Eastwood, à une époque où il est encore globalement vu aux Etats-Unis comme une star qui joue à réaliser, est une voix puissante et résonnante.
(Re)découvrir "Josey Wales"
Josey Wales se déroule pendant la guerre de Sécession. La famille de Josey Wales est violemment massacrée par des mercenaires à la solde de l'Union. En représailles, Wales s'engage pour la confédération. Lorsque le Sud est vaincu, une armistice est annoncée pour ceux qui rendront les armes. Mais il s'agit d'un leurre : les Nordistes exécutent les militaires venus se rendre. C'en est trop pour Josey Wales, qui s'enfuit mais se retrouve avec une prime sur la tête.
Ce western est l'un des meilleurs films d'Eastwood, noté 3,8 sur 5 par les spectateurs AlloCiné, mais qui mériterait selon nous encore plus. Un joyau un peu noyé dans l'abondante filmographie du réalisateur-acteur, mais une ode humaniste et une déclaration d'amour à la solidarité et à la fraternité, cachée - comme toujours avec Clint - sous le vernis et l'implacabilité de la violence.