Le Gendarme de Saint-Tropez (1964) a été un carton au box-office et une suite est immédiatement lancée en 1965, et elle envoie cette fois la célèbre brigade en Amérique ! Cruchot, Gerber, Fougasse et les autres sont envoyés pour représenter la France au Congrès International de Gendarmerie à New-York. Sauf que Nicole, la fille de Cruchot, embarque discrètement pour découvrir le pays et le maréchal des logis-chef, constatant la fraude, fait tout pour cacher à ses hommes cette passagère clandestine.
M6 diffuse ce second Gendarme ce 19 juillet à 21h10.
Fougasse est malade, mais Jean Lefebvre va bien !
Le navire France sert à emmener toute l'équipe à New York et sert de lieu de tournage. Mais au bout de quelques temps, Jean Lefebvre claque la porte et arrête le tournage. Il se prétexte malade. Sauf que le producteur donne une autre version, citée par Galabru (Gerber) dans son autobiographie : "Jean Lefebvre a fait arrêter le tournage sous prétexte qu'il était malade. Et nous l'avons surpris en train de jouer au casino en pleine nuit". Il est donc écarté du tournage.
Le scénariste Jacques Vilfrid doit en catastrophe trouver une solution à la situation, mais comment faire ? Il trouve l'idée que Fougasse tombe malade durant la traversée. Il est donc privé de visite de New York. On ne l'y voit que dans une courte scène, dans laquelle il revient guéri, mais suite à un accident déclenché par la maladresse de Gerber, il est à nouveau blessé (la jambe cassée) et isolé dans un hôpital. Encore une raison pour l'absence de Fougasse.
Des solutions un brin cache-misère pour tenter de concilier le départ d'un acteur en plein tournage. Mais pourquoi Lefebvre est-il parti ainsi ?
Les raisons possibles de son absence
D'abord, si Louis de Funès n'appréciait pas une chose, c'était le non-professionnalisme. Et la plupart des comédiens ayant tourné avec Jean Lefebvre racontent ses nuits à jouer au casino, arrivant le lendemain matin très en retard et parfois sans connaître son texte. Une façon de faire peu compatible avec le perfectionnisme de De Funès. L'ambiance entre les deux Gendarmes n'était donc pas au beau fixe.
Par ailleurs, De Funès venait de passer d'inconnu au statut de vedette grâce à Fantômas, Le Corniaud et le premier Gendarme, sortis en 1964 et début 1965. Lefebvre, lui, venait d'être très remarqué dans Les Tontons flingueurs, notamment avec sa fameuse réplique de "J'y trouve un goût de pomme" mais n'avait pas encore une telle renommée. Dans ses mémoires, Les rôles de ma vie, Michel Galabru lâchera le mot de "jalousie" pour parler de la relation de Lefebvre envers De Funès.
Car Lefebvre, qui était au même niveau de notoriété que De Funès sur "Saint-Tropez" semble mal digérer d'être mis au second rang dans Le Gendarme à New York là où Cruchot est de tous les plans. Mais lorsqu'on fait tourner une star, autant la montrer.
Epilogue
Jean Lefebvre deviendra une valeur sûre du rire, en tournant dès 1966 Ne nous fâchons pas et Du mou dans la gâchette, mais aussi Un idiot à Paris et Le Fou du labo 4 (1967). Il n'atteindra vraiment le vedettariat qu'avec bien sûr La 7ème compagnie, trois films sortis entre 1973 et 1977. Une décennie durant laquelle il enchaîne les têtes d'affiche.
Il reviendra également dans Le Gendarme se marie puis Le Gendarme en balade et c'est à ce moment-là que le torchon brûlera définitivement entre Cruchot et Fougasse. Mais ceci est une autre histoire...