Au cinéma, certaines répliques particulièrement bien composées et bien prononcées résonnent encore dans nos mémoires de longues années après avoir fait trembler les murs des salles obscures. Parfois en raison de leur irrésistible humour, parfois grâce à leur implacable efficacité, parfois à la faveur de leur indomptable puissance.
En la matière, les allocutions qui sont régulièrement déclamées avant les plus grandes séquences de bataille du 7ème art sont bien souvent de favorables terreaux aux tirades les plus inspirantes. Alors qu'il y a quelques semaines, nous évoquions avec vous le discours magistral de Théoden avant la Charge du Rohan dans Le Retour du Roi, revenons aujourd'hui sur un autre inoubliable laïus : celui de Maximus, dans la mémorable scène d'ouverture de Gladiator.
La première bataille du film
Nous sommes en l'an 180 après Jésus-Christ. Près des rives du Danube, sous une brume épaisse, au coeur d'une vaste plaine mouchetée de souches mortes, la prestigieuse armée romaine s'apprête à affronter les hordes de barbares germaniques. Leur messager est revenu sans sa tête, le combat semble inévitable.
Comme bien des fois par le passé, c'est le général espagnol Maximus Decimus Meridius qui s'assurera de la victoire. Les catapultes sont chargées, les pointes des flèches s'embrasent, et tandis le camp ennemi hurle de sinistres menaces à travers le champ de la future bataille, l'officier souhaite "force et honneur" à son second, avant de s'éclipser à travers les arbres de la forêt voisine, flanqué de son fidèle limier.
Le discours de Maximus
Là, à l'ombre des frondaisons, l'attendent ses cavaliers, prêts à donner leur vie pour vaincre sous ses ordres. Parfaitement conscient du risque qu'il est sur le point de leur faire courir, mais totalement confiant dans leurs capacités à l'emporter, rythmé par la magistrale bande originale de Hans Zimmer, il leur déclame alors un discours teinté de fougue et d'humour qui est resté célèbre au cinéma :
"Dans trois semaines, je moissonnerai mes terres. Imaginez où vous voudriez être, et vous y serez ! Tenez la ligne, restez avec moi ! Si vous vous retrouvez tout seul, chevauchant dans de verts pâturages avec le soleil sur le visage, n'en soyez pas troublé, car vous êtes aux Champs-Elyseum, et vous êtes déjà mort !"
Accueilli par les rires de ses fidèles soldats prêts à le suivre envers et contre tout, le général romain clôt alors sa tirade avec une petite phrase aussi fine que la lame d'un glaive, et aussi affûtée que la pointe d'une flèche :
"Mais... ce que l'on fait dans sa vie résonne dans l'éternité."
Les soldats ne rient plus, ils ont soudain l'air grave et solennel. Même le chien de Maximus semble l'avoir écouté avec attention. Le silence se fait, la tempête se prépare.
Ces quelques mots, qui déclenchent donc la première bataille du film de Ridley Scott, auraient pu être choisis pour orner l'affiche du long métrage, tant ils résument à merveille l'esprit de l'oeuvre, agissant systématiquement comme un souffle épique sur tout le reste du long métrage.
(Re)découvrez tous les détails cachés de "Gladiator"...