A l'heure où Eddie Murphy endosse à nouveau, 31 ans après, le costume de l'inimitable flic de Beverly Hills dans un nouvel opus qui débarque sur Netflix ce 3 juillet, l'occasion est toute trouvée pour se pencher sur la trajectoire du réalisateur du tout premier film, Martin Brest, catapulté sous les feux de la rampe avec cette œuvre, et qui a largement contribué à mettre sur orbite la carrière de l'acteur.
Propulsé au firmament du succès avec Le Flic de Beverly Hills, Martin Brest fit des débuts plus que remarqués à Hollywood.
Si le buddy movie Midnight Run (1987) dans lequel jouait Robert de Niro n'a pas eu le même succès (et qui est au passage un formidable film à voir absolument !), Brest a permis en 1993 à Al Pacino d'enfin remporter le premier Oscar de sa brillante carrière, dans Le Temps d'un week-end, remake du classique italien Parfum de femme.
Son (interminable) Rencontre avec Joe Black était loin de valoir un triomphe (ce qui n'a d'ailleurs pas été le cas...), mais permettait malgré tout à Brad Pitt de poursuivre sa trajectoire ascendante vers les sommets. Puis est venu un violent couperet : Amours troubles.
Un bide colossal qui a tué sa carrière
Sorti en 2003, cette comédie policière fut l'un des plus gros échecs artistiques et commerciaux des années 2000, même s'il a permis à son interprète, Ben Affleck, d'y faire la rencontre de Jennifer Lopez, avec qui il a connu une première idylle.
"Pour un film qui a été un désastre aussi fameux, très peu de gens l’ont vu en réalité" racontait l'intéressé à Entertainment Weekly en janvier 2022. "Mais c’est vrai que ça ne marche pas. C’est un peu comme si on avait mis une tête de cheval sur un corps de vache". C'est peu dire que l'alchimie supposée entre les deux à l'écran sonnait effectivement complètement faux...
Et de poursuivre : "Je pensais que mon boulot [d’acteur] se résumait à être une marionnette sans consistance. Maintenant je peux voir comment les gens me considéraient et pensaient à cette personne comme une espèce de blanc-bec décérébré et insouciant.
Ça a produit des a priori négatifs chez les gens à mon propos. C’est cet aspect des gens que j’ai pu voir et c’était triste, difficile, déprimant et ça m’a vraiment fait remettre en question des choses et douter de moi-même".
Colossal bide au box office mondial (à peine plus de 7,2 millions $ de recettes sur un budget de 54 millions $), que même Al Pacino et Christopher Walken, présents dans le film, ne pourront sauver, Amours troubles fera une humiliante tournée de prix aux Razzie Awards 2004 (pire couple, pire réalisateur, pire scénario, pire actrice et pire acteur).
La cérémonie portera même l'estocade six ans plus tard, en décernant au film trois nouvelles "récompenses" : pire film de la décennie, pires acteur et actrice de la décennie. Si à Hollywood il est toujours de bon ton de prendre cela avec une certaine ironie et recul, on imagine quand même que les sourires ont été légèrement crispés.
Depuis le film, Martin Brest a disparu de la circulation et n'a plus rien tourné. S'il n'est âgé que de 73 ans, il semble malheureusement très peu probable que le cinéaste sorte de sa retraite forcée survenue voilà 21 ans. Triste...