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    Pourquoi ce chef-d'œuvre de Stanley Kubrick fascine-t-il encore aujourd'hui ? Un indice : son acteur principal est un génie
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Dans "Docteur Folamour" de Stanley Kubrick, Peter Sellers se révèle absolument génial sous les traits de l'ancien savant nazi capturé par les Américains. L'acteur se paya même le luxe d'une réplique improvisée passée à la postérité.

    Disparu à l'âge de 70 ans, Stanley Kubrick n'a signé que treize longs métrages en cinquante ans de carrière. Du mélodrame (Eyes Wide Shut) à la science-fiction (2001 : L’odyssée de l’espace) en passant par l’horreur (Shining), le film de guerre (Les Sentiers de la gloire et Full Metal Jacket) ou d'époque (Barry Lyndon), Stanley Kubrick a offert à chaque genre un incontestable joyau du Septième Art.

    Même le registre de la comédie a été exploré par le maître. En 1964, il dégoupillait un petit chef-d'oeuvre, Docteur Folamour. Une féroce satire des arcanes du pouvoir, sur fond de Guerre Froide et de péril atomique.

    Après le succès de Lolita, en partie grâce à la performance de Peter Sellers selon Columbia Pictures, la société de production accepta de financer Docteur Folamour à condition que le comédien britannique joue quatre personnages. Il n'en jouera finalement "que" trois, pour un salaire très confortable. Un million de dollars; soit 55% du budget du film. De là cette fameuse phrase prononcée par Kubrick à ce sujet : "J'en ai eu 3 pour le prix de 6 !"

    "Mein Fürher, I Can Walk !"

    Dire que la composition de l'acteur est géniale relève de l'euphémisme. En particulier sa délirante incarnation du fameux Docteur Folamour, ancien savant Nazi capturé par l'armée américaine. Directeur de la recherche et du développement des armes, il se déplace en fauteuil roulant et contrôle avec peine son bras droit, qui parfois, à son insu, tente de l'étrangler ou se tend pour un irrépressible salut Nazi.

    La réplique "Mein Fürher, I Can Walk !" ainsi que la séquence où l'acteur tend son bras pour faire un salut Nazi malgré lui, étaient improvisées. Des improvisations brillantes qui ont largement contribué à rendre le personnage mémorable, que Kubrick décida d'intégrer dans le script qu'il remaniait au gré du tournage.

    Revoici la séquence, pour le plaisir...

    Figurez-vous que la pathologie dont souffre le docteur Folamour existe. Il souffre de ce que l'on appelle l'apraxie diagonistique, également appelée syndrome de la main étrangère. Le Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine l'identifie comme une "perturbation dans laquelle, généralement, la main gauche semble agir pour son propre compte et vient contrecarrer un geste induit par la main droite ou altérer la réalisation d'un geste bimanuel".

    Lorsque les chercheurs de l’université d’Aberdeen ont identifié cette affection neurologique pour la première fois, ils l’ont appelée "le syndrome du Docteur Folamour". On ne pouvait rendre plus bel hommage au personnage et à son génial acteur.

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