Gloria !
Venise, XVIIIe siècle. À l'Institut Sant'Ignazio, orphelinat et conservatoire pour jeunes filles, tout le monde s'agite en vue de la visite imminente du nouveau Pape et du grand concert qui sera donné en son honneur. Teresa (Galatéa Bellugi), jeune domestique silencieuse et solitaire, fait alors une découverte exceptionnelle qui va révolutionner la vie du conservatoire : un piano-forte.
Une ode féministe et moderne qui préfigure la naissance de la pop’
Sélectionné pour la 74e édition du festival international du film de Berlin, Gloria ! est le premier long-métrage de la comédienne et musicienne italienne Margherita Vicario. Pour ce premier projet de réalisation, elle a donc choisi de rassembler à l’écran trois ingrédients qui lui sont chers : l’Italie, la musique et le féminisme.
En effet, l’intrigue de Gloria ! se déroule dans un cadre aussi austère par sa localisation que par sa temporalité. Dans l’Italie chrétienne du XVIIIe siècle, le pouvoir est à Dieu et à ses représentants masculins, et les femmes n’ont finalement qu’une place de servante. Ainsi, le Père Perlina (Paolo Rossi), figure d'autorité à la fois religieuse et musicale de l’institut, voit d’un mauvais œil les tentatives d’émancipation des jeunes filles qui l’entourent, qu’il contrôle d’une main de maître. Pourtant, la découverte du piano-forte dissimulé dans les caves du couvent va être le liant entre ces musiciennes que tout oppose et la clé d’une liberté nouvelle.
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Alors considéré comme un instrument profane, le piano n’a pas sa place dans l’orchestre de l’institut et devient, par le rejet qu’il inspire malgré sa beauté, un véritable reflet de la jeune Teresa. Elle aussi réduite au silence par ceux qui la pensent muette, cette jeune domestique orpheline possède pourtant une oreille naturellement développée. Son illettrisme et son absence de formation musicale, bien que d’abord source de railleries et de mépris du Père Perlina et des autres filles de l’institut, vont finalement devenir sa force en lui permettant de s’affranchir du carcan artistique imposé par la religion pour créer des mélodies endiablées et modernes : les prémices de la musique pop’.
Comme inspirées par cette liberté permise par la musique, qui devient alors facteur d’émancipation plus que d’enfermement, les jeunes filles de l’institut vont finalement développer une curiosité pour Teresa et la rejoindre dans ses explorations mélodiques. Fortes de leur sororité nouvelle, auraient-elles trouvé le moyen de reprendre le contrôle de leur vie et de se défaire de l’emprise artistique et religieuse du sournois Perlina ?
Une partition jouée sans fausse note
D’abord fuyant, le regard de la jeune Teresa va finalement s’embraser d’une détermination nouvelle lorsque sa passion pour la musique et l’amour de ses amies vont lui faire prendre conscience de sa force profonde.
Dans cette fascinante métamorphose, la comédienne Galatéa Bellugi fait preuve d’autant de finesse que d’intensité. Jouant sa partition avec une délicatesse rare, elle permet à son personnage de faire naître chez le spectateur une irrésistible empathie dans un premier temps, avant de finalement se mouvoir en véritable porte-parole pour faire face à l’autorité qui les malmène, elle et ses camarades.
Nommée à deux reprises aux César, en tant que révélation féminine pour L’Apparition puis comme meilleur second rôle dans le très remarqué Chien de la casse, Galatéa Bellugi confirme dans ce nouveau long-métrage son talent pour incarner des héroïnes modernes et subtiles, aussi attachantes qu’inspirantes.
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À ses côtés, Carlotta Gamba, Veronica Lucchesi, Maria Vittoria Dallasta et Sara Mafodda parviennent toutes ensemble à apporter crédibilité et émotion à la sororité nouvelle qu’elles entretiennent avec le personnage de Teresa, tandis que le grand Paolo Rossi s’impose en figure antagoniste aussi inquiétante que pathétique dans le rôle de Perlina.
Gloria !, ode pop’ et moderne à la liberté portée par Galatéa Bellugi, est à découvrir en salle dès maintenant.