Le comédien et réalisateur Edouard Baer, 57 ans, est accusé par 6 femmes de harcèlement et d'agressions sexuelles. Selon une enquête menée pendant 5 mois par Mediapart et le magazine Cheek, les faits incriminés se seraient déroulés sur une période s’étalant de 2013 à 2021.
Contacté par Mediapart, celui qui était récemment à l'affiche de Daaaaaali a présenté ses excuses, déclarant ne pas se reconnaître dans ces accusations. "C’est avec stupeur et une grande tristesse que je découvre les témoignages que vous me rapportez", a confié Edouard Baer.
"Je ne me reconnais pas dans les mots ou les gestes qui me sont attribués, mais je ne peux qu’exprimer mes regrets que mon comportement ait mis mal à l’aise ou blessé ces femmes. Je n’ai pas eu l’intelligence de le percevoir. J’en suis profondément désolé. Je n’ai jamais cherché à les heurter intentionnellement. Je leur présente toutes mes excuses", a déclaré le comédien.
Je ne me reconnais pas dans les mots ou les gestes qui me sont attribués, mais je ne peux qu’exprimer mes regrets que mon comportement ait mis mal à l’aise ou blessé ces femmes.
L'enquête met en avant le témoignage de 6 femmes, dont Raphaëlle*, 26 ans. Contactée par Edouard Baer sur Instagram, elle évoque une rencontre en 2021 dans son bureau à Paris. "La jeune femme est en confiance : son père et l’oncle du comédien se connaissent", souligne Mediapart.
"Arrivée sur les lieux, elle évoque avec Édouard Baer le lien qui existe entre son père et lui, puis, selon son récit, échange sur ses écrits. Soudainement, le comédien aurait cessé de la vouvoyer et lui aurait dit : 'Tu as l’air d’avoir un très joli téton.' Sur le ton de l’humour, la jeune femme lui aurait demandé de 'se calmer' . 'Désolé d’insister, mais t’as l’air vraiment d’avoir un très joli téton', aurait-il répété quelques minutes plus tard", indique l'article.
La jeune femme précise ensuite qu'Edouard Baer lui aurait pris "son sein gauche dans sa main" pendant qu'ils prenaient l'ascenseur. Elle aurait repoussé le comédien avant de quitter les lieux. Un autre témoignage, celui d'Elsa*, évoque une "main aux fesses" avant un dîner après une pièce de théâtre.
"J’étais en poste depuis cinq mois, c’était mon premier boulot, je pense que je ne voulais pas créer de problèmes. Il n’y avait pas encore eu #MeToo… Si c’était arrivé après, je n’aurais pas réagi pareil", a confié Elsa.
Selon l'enquête de Mediapart, l'acteur aurait également agressé sexuellement Emma* en tentant de "l'embrasser de force dans le cou et sur la bouche". Les faits se seraient déroulés en 2019, après l'enregistrement d'une émission de radio. Elle avait 22 ans à ce moment-là.
Trois autres femmes relatent des faits de harcèlement et d'agressions sexuelles entre 2016 et 2018, quand Edouard Baer avait été contacté pour relancer la matinale de Radio Nova. "Au moment de la coupure pub, avant mon passage, Édouard s’approche de moi, il prend mon bras et il me mord", confie Camille.*
Au moment de la coupure pub, avant mon passage, Édouard s’approche de moi, il prend mon bras et il me mord.
Anne*, jeune femme stagiaire à Radio Nova, raconte avoir subi le harcèlement de l'acteur. Elle alerte sa supérieure en juillet 2018, "alors qu’Édouard Baer ne travaille plus à la radio." "Je me souviens très bien qu’Anne m’avait raconté qu’il lui avait fait un bisou dans le cou. Ça l’avait mise très mal à l’aise et je pense qu’il lui faisait un peu peur."
"Que des femmes m’en veuillent à ce point-là, je ne l’aurais jamais imaginé", a répondu Edouard Baer à Mediapart, qui précise que l'artiste "a été contacté par téléphone pour lui proposer une rencontre. Ce qu’il a accepté avant de renoncer. Il nous a ensuite demandé de lui envoyer les questions par mail. Ce que nous avons fait mardi 14 mai."
"Il a finalement renoncé à y répondre, nous envoyant la déclaration reproduite intégralement dans l’article mardi 21 mai. Les autres citations sont issues des deux brèves conversations téléphoniques que nous avons eues avec lui pour lui exposer l’objet de notre article lundi 13 mai."
*Les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes citées.