La comédienne franco-iranienne Golshifteh Farahani est actuellement à l'affiche de Roqya, le premier long métrage de Saïd Belktibia. Dans ce thriller elle incarne Nour, une femme qui vit de contrebande d'animaux exotiques pour des guérisseurs. Lorsqu’une consultation dérape, elle est accusée de sorcellerie. Pourchassée par les habitants du quartier et séparée de son fils, elle se lance alors dans une course effrénée pour le sauver. La traque commence…
Un long métrage intense dans lequel la comédienne incarne une femme d'affaires implacable pourchassée par les hommes de son quartier.
Présenté en avant-première hors compétition lors du Festival du Film Fantastique de Gérardmer 2024, Roqya est un des rares thrillers français de la carrière de Golshifteh Farahani. Cette dernière a fait ses débuts au cinéma à l'âge de 15 ans dans Le Poirier de Dariush Mehrjui et a aujourd'hui plus de 45 films à son actif.
Quel est votre film préféré de la filmographie de Golshifteh Farahani ?
Le long métrage de la filmographie de Golshifteh Farahani le mieux noté par les spectateurs AlloCiné est Syngué Sabour - Pierre de patience de Atiq Rahimi. Sorti dans nos salles en février 2013, le long métrage a une note spectateurs moyenne de 4,1 étoiles sur 5 pour 1027 notes et 182 critiques.
Syngué Sabour - Pierre de patience est l'adaptation du livre du même nom écrit par Atiq Rahimi en 2008 et lauréat du Prix Goncourt. L'auteur adapte donc lui-même son ouvrage, il en a coécrit l'adaptation avec le scénariste de légende Jean-Claude Carrière.
Le film se déroule au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville ; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l'autre bout de la ville, dans une maison close tenue par sa tante. De retour auprès de son époux, elle est forcée à l'amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révèle, prend conscience de son corps, libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes... Jusqu'à ses secrets inavouables. L'homme gisant devient alors, malgré lui, sa "syngué sabour", sa pierre de patience - cette pierre magique que l'on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances... Jusqu'à ce qu'elle éclate !
Le film préféré de l'actrice elle-même
Golshifteh Farahani est du même avis que les spectateurs puisque lors de notre rencontre avec la comédienne pour la promotion de Roqya, cette dernière nous a confié que Syngué Sabour est le plus beau film de sa carrière.
"C'est vraiment un des plus beaux films de ma carrière. J'ai adoré travailler avec Atiq Rahimi. J'ai beaucoup travaillé pour ce film. C'est un film bouleversant pour les femmes et la situation de la femme. Pour moi, le message du film c'est que les hommes pensent qu'ils peuvent contrôler les femmes, mais c'est faux. C'est elle qui a le secret, c'est elle qui compte, qui a tout contrôlé, qui fait tout. Et l'homme, il n'a rien compris. C'est ça l'histoire, pour moi. Vous pensez que c'est vous les gagnants, mais à la fin, non, pas du tout. Les talibans et les extrêmes...
Je sais que ce film restera dans l'Histoire pour toujours et j'en suis très fière.
C'est une œuvre forte. Je sais que ce film restera dans l'Histoire pour toujours et j'en suis très fière. C'est de la poésie, les images, le travail de Thierry Arbogast, notre chef-op, est formidable. Et pour moi, justement, jouer dans ce film, c'était comme une thérapie. Enfin pas vraiment une thérapie, mais c'était bouleversant pour moi de jouer ce rôle. Je n'amène jamais les personnages dans ma chambre d'hôtel, je les laisse sur le plateau. Mais ce rôle est resté en moi. Sa tristesse est restée en moi. J'aime beaucoup, cette femme qui n'a même pas de nom d'ailleurs. On ne sait pas comment elle s'appelle."
Les spectateurs sont dithyrambiques
Pour un visiteur, ce film est un chef d'œuvre "Pas besoin d'avoir lu le roman homonyme d'Atiq Rahimi (Prix Goncourt de 2008) pour apprécier la beauté de ce film. C'est véritablement un chef d'œuvre spirituel et poétique. L'absence de musique et l'image très épurée contribuent à l'ambiance presque surréelle dans laquelle Golshifteh Farahani mène son monologue. Probablement le meilleur film d'auteur de ce début de siècle."
L'internaute Corbett ajoute "J'avais adoré le livre, j'ai trouvé le film encore plus fort. L'actrice est incroyable, certainement une des meilleures actrices au monde (et une des plus belles femmes au monde !). Un grand film de femmes !"
Alain-92 lui attribue la note de 5 étoiles et écrit : "Grand coup au cœur. Syngué Sabour - Pierre de patience, ou le combat, long et douloureux, que celui de cette jeune femme afghane qui va prendre le chemin de la vie et trouver sa liberté. Pour y arriver, il lui faudra franchir les barrages imposés. Ceux de la frustration. Des mensonges quasi obligatoires pour rester en vie. Et l'ensemble de tous les tabous imposés. Il est aussi, et surtout, question du corps féminin, et du plaisir lié à une relation choisie. Une vraie relation avec des sentiments partagés. Hassina Burgan, dans le rôle de la tante, "libératrice" est magnifique avec, entre autres, une scène de maquillage inoubliable, toute entière faite de douceur et de sensualité mélangées. Golshifteh Farahani est remarquable. Sa seule beauté et son talent suffisent à bouleverser, mais ici il y a plus, ce texte magnifique, fort et bouleversant sur lequel Golshifteh Farahani s'appuie pour en faire, à elle seule, un très grand moment de cinéma. La photographie est dure et magnifique à la fois. La réalisation minimaliste sied le propos d'une façon intelligente et parfaite. Un film difficile, mais à voir absolument."
Willyzacc loue également la prestation de la comédienne : "L'actrice est vraiment habitée (et magnifique) sa prestation vaut 3 étoiles à elle seule, à côté le réalisateur nous dépeint un tableau de la femme musulmane oppressée qui trouve dans cette "Pierre de patience" un moyen de se libérer de tout ses non-dits et ses secrets. Un moment forcément éprouvant, mais un film marquant par son sujet et la façon dont ce monologue raconte tout."
Pour Jmartine "Syngué Sabour parle d'amour, du corps des femmes, du plaisir, du mensonge, de la frustration, dans un pays où tout ce qui touche au sexe est nié.. L'actrice iranienne Golshifteh Farahani porte sur ses épaules tout le film. Elle est belle, juste, bouleversante… La photographie est remarquable, le film relativement économe de ses décors puisque se déroulant dans un quasi huis clos, puise dans ce traitement de la couleur toute son ampleur... A voir absolument." Enfin, annereporter94 conclut : "Ne parlons pas de chef d'œuvre mais de film absolument envoûtant. On pourrait aussi écrire bouleversant, émouvant... mais surtout pas larmoyant. L'actrice principale est pour beaucoup dans cette impression d'authenticité et de réalisme…"