De quoi ça parle ?
Max, Vivian et Tom, 13 ans, sont inséparables. Ce début d’été est plein de bouleversements : la dernière usine de leur petite ville des Ardennes ferme tandis que Seb, le grand frère de Max, sort de prison. Ses combines vont peu à peu entraîner les trois adolescents dans une chute qui paraît inéluctable…
Les Goonies dans l’Est français
Ce 15 mai, Michaël Dichter dévoile au cinéma son tout premier film en tant que réalisateur. Après avoir joué dans Vie Sauvage de Cédric Kahn et Telle mère, telle fille de Noémie Saglio, celui qui a déjà réalisé et autoproduit trois court-métrages signe Les Trois Fantastiques. Inspiré de son court-métrage Pollux, ce drame raconte l’histoire de Max, Vivian et Tom, des ados liés par une amitié qu’ils pensent plus forte que tout, mais qui vont être rattrapés par leur destin.
À la croisée du teen-movie et de la chronique sociale, Les Trois Fantastiques puise sa force narrative dans des racines thématiques telles que la fraternité – au sens large – l’espoir, la nostalgie ou encore la crainte de l’abandon : “Un père absent qui a abandonné ses enfants, une mère qui abandonne son rôle de mère, un grand frère qui abandonne son petit frère, un ami qui abandonne ses amis dans une ville où les habitants ont abandonné la lutte et où l’usine qui les fait tous vivre abandonne le territoire”, explique le réalisateur. Autant de sujets que Michaël Dichter parvient à nouer intimement au paysage de son intrigue, un Est français désindustrialisé rappelant le cadre de Leurs Enfants après eux, roman de Nicolas Mathieu récompensé d’un Prix Goncourt en 2018.
Démarrant à la manière d’un buddy movie illuminé par la joie de vivre et l’amitié du trio, Les Trois Fantastiques bascule peu à peu dans le drame, et nous fait un peu mieux percevoir les failles des personnages principaux et leur transformation physique et psychologique, le tout dans le même temps que l’assombrissement de l’image.
Copyright Zinc Film
“J’avais envie de filmer une bande de copains mais aussi de parler du conflit de loyauté entre deux frères. Je voulais que ça devienne le cœur du film : un ado de 13 ans tiraillé entre sa famille de sang et celle qu’il s’est choisi. Quand tu as un grand frère qui sort de prison et qui te demande de faire un dernier coup pour lui, tu sais très bien que ça ne peut pas bien se terminer, même si c’est un personnage que tu as envie de sauver, souligne le cinéaste. Le film est au départ très solaire et s’assombrit au fur et à mesure, comme le visage de Raphaël Quenard.”
Un casting fantastique
Désormais incontournable sur grand écran après ses rôles dans Coupez !, Fumer fait tousser, Novembre, Je verrai toujours vos visages, Yannick ou encore Chien de la casse, qui lui a valu le César 2024 du meilleur espoir masculin, Raphaël Quenard a été repéré par Michaël Dichter avant d’atteindre cette popularité : “J’avais découvert Raphaël dans un court-métrage qui s’appelle Les Mauvais Garçons et dans la série Family Business. J’ai tout de suite décelé chez lui une humanité particulière. J’ai ressenti une forme d’évidence. Je lui ai très vite dit que c’était lui le rôle, je n’avais pas besoin qu’il passe de casting.”
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Incarnant le fameux grand frère de Max qui revient de prison, le comédien de 32 ans donne la réplique à Emmanuelle Bercot dans le rôle d’une mère ayant tiré un trait sur son rôle. Un choix lui aussi évident pour le réalisateur : “Je savais qu’Emmanuelle serait parfaite pour le rôle. Je trouve que c’est une actrice incroyable. C’est fou toutes les émotions par lesquelles elle passe et tout ce qu’elle arrive à nous faire vivre, ressentir.”
Rythmé par sa sincérité et le talent de ses acteurs principaux, à commencer par les révélations que sont Diego Murgia, Jean Devie et Benjamin Tellier qui campent le trio d’enfants, Les Trois Fantastiques offre un nouveau souffle au drame social en convoitant les codes du teen-movie. Un premier film qui prédit une longue carrière à son réalisateur, et à côté duquel il serait dommage de passer.
Les Trois Fantastiques, actuellement et exclusivement au cinéma.
