S'il est une chose que Tarantino adore, c'est bien décortiquer les œuvres des cinéastes qui ont largement nourri sa cinéphilie, que ce soit des classiques absolus du 7e Art ou des productions du cinéma bis, voire Z.
Le cinéma vu par QT
De sa grande passion pour Battlefield Earth, un des pires films de tous les temps, à son amour pour le western Rio Bravo, son film de guerre fétiche déniché chez Brian de Palma, en passant par le film qu'il considère comme la plus grande œuvre néo-zélandaise, le film Rambo qu'il trouve trop édulcoré par rapport au livre dont il est adapté, ou encore son vif intérêt pour Audition, un des films les plus choquants jamais réalisés, Tarantino brasse toujours extra large.
Il n'a aucun problème pour déboulonner de leurs piédestaux des figures totémiques du 7e Art, comme Stanley Kubrick, dont il trouve les œuvres trop froides, trop composées et manquant d'humanisme. Un reproche qui a souvent été fait au maître d'ailleurs.
Et puis il y a Alfred Hitchcock. On ne présente guère plus le créateur de Fenêtre sur cour, Sueurs froides ou Les Oiseaux, qui est probablement le réalisateur dont la filmographie a été la plus disséquée et étudiée dans les écoles de cinéma, depuis des décennies. Un cinéaste à l'influence prépondérante.
"La Mort aux trousses ? Un film médiocre"
Dans un article publié par le site Far Out, Quentin Tarantino révélait les raisons pour lesquelles Hitchcock ne figurait pas parmi ses cinéastes fétiches. Principalement parce qu'il estime que le maître ne parvient pas à l'impressionner lors des derniers actes de ses films :
"Les années 1950 l’ont freiné, Hitchcock n’a pas pu faire ce qu’il aurait voulu faire, livré à lui-même. Au moment où il a pu le faire, à la fin des années 60 et au début des années 70, il était un peu trop vieux".
Q.T. fait référence en filigrane au fameux Code Hays, véritable carcan pour les metteurs en scène, que Hitchcock contournera régulièrement et habilement, même si sa créativité en fut logiquement affectée et bridée.
"J’ai toujours pensé que les acolytes d’Hitchcock allaient plus loin dans ses idées cinématographiques et narratives. J'adore les films hitchcockiens de Brian De Palma. J’adore les méditations hitchcockiennes de Richard Franklin et Curtis Hanson. Je les préfère au vrai Hitchcock".
Q.T. n'est pas vraiment tendre avec certaines œuvres de Hitchcock, quand bien même elles sont devenues des classiques. La Mort aux trousses ? "Les gens découvrent La Mort aux trousses [...] et disent "je trouve que c'est merveilleux" alors qu'en réalité c'est un film très médiocre".
Sueurs froides ? "Je n'aime pas Sueurs froides et plus généralement ses films des années 50. Ils ont la puanteur des années 50 qui ressemble à celle des années 80".
Q.T. n'est pas bloqué aux années 50. Preuve en est cette flèche décochée contre l'avant dernier film de Hitchcock, Frenzy, sorti en 1972 : "Frenzy d’Hitchcock est peut-être une merde, mais je doute qu’Alfred s’ennuyait en le faisant". Fin de citation.