S'il est une chose que Tarantino adore, c'est bien décortiquer les oeuvres des cinéastes qui ont largement nourri sa cinéphilie, que ce soit des classiques absolus du 7e Art ou des oeuvres du cinéma bis, voire Z. Il a en revanche plus de mal avec le formalisme d'un cinéaste comme Stanley Kubrick, et s'en expliquait dans un long entretien publié dans The New Yorker en 2003.
En réalité, il trouve les oeuvres de Kubrick trop froides, trop composées, manquant d'humanisme. Un reproche qui a souvent été fait au maître, décédé en 1999. S'il apprécie ses films, il n'a aucun affect les concernant.
"Les vingt premières minutes d'Orange mécanique sont absolument parfaites" lâche Q.T., avant de dénoncer l'hypocrisie de Kubrick quant à sa volonté "de faire un film non pas sur la violence, mais pour dénoncer la violence".
En balayant sa filmographie, il lâche ainsi qu'il préfère la version de Lolita signée Adrian Lyne (gros échec en salle) et sortie en 1997, à celle de Kubrick, sortie en 1962. "Je pense que le Lolita d'Adrian Lyne est un chef-d'oeuvre. Quand je l'ai vu, je me suis demandé si Kubrick avait bien lu le livre. Il s'est emparé du livre pour en faire cette comédie folle qui est assez formidable".
Et il ajoute : "Mais l'idée que vous puissiez faire un film sur Lolita sans avoir une seule image dérangeante est folle. C'est frauduleux ! Je veux dire, pour moi, il manque la partie la plus fascinante du travail, qui consiste à regarder à travers les yeux d'un pédophile et à l'accepter".