"Pendant les 15 dernières années, j'ai eu la chance de travailler avec des gens incroyablement talentueux pour la marque la plus aimée du monde. Je ne pense pas que le rôle de président soit désormais le rôle professionnel qui me convient. Pour cette raison j'ai pris la décision difficile de démissionner de mon poste de président des Studios Walt Disney, avec effet ce jour".
C'était les termes d'un e-mail envoyé à l'ensemble des salariés de la firme Disney par Rich Ross, PDG démissionnaire, mi-avril 2012. La raison ? Quinze jours plus tôt à peine, la sortie en salle de John Carter, signé par Andrew Stanton, ex-génie de Pixar encore auréolé du succès de son sublime Wall-E, fut un désastre financier absolu.
Le plus gros flop jamais encaissé par Disney
Cette superproduction prévoyait un univers connecté et avait mis les petits plats dans les grands avec un budget estimé entre 250 et 307 millions de dollars, mais il n'a récolté que 284 millions au box-office mondial, dont à peine 73 sur le sol américain. Les pertes estimées par Disney étaient d'environ 200 millions de dollars. Du jamais vu.
Ajustées à l'inflation, ces pertes seraient aujourd'hui estimées à plus de 270 millions de dollars. De quoi mesurer l'ampleur du séisme à l'époque, et même encore aujourd'hui. John Carter est l'un des plus terribles flops au box-office jamais vus.
Taylor Kitsch, ange déchu
Lancé sur de très bons rails en jouant dans la série Friday Night Lights puis en incarnant le personnage de Gambit dans X-Men Origins: Wolverine, l'acteur canadien Taylor Kitsch était bien parti pour une belle mise sur orbite.
Le Hollywood Reporter l'avait même placé dans la liste des talents à suivre à la loupe, comme étant un acteur potentiellement susceptible d'entrer dans la cour très fermée de la A-List des stars hollywoodiennes.
Et ça évidemment, c'était avant le désastre John Carter, qui mettra un brutal coup d'arrêt à cette lancée. Dans son malheur, l'estocade fut portée moins d'un mois après, avec la sortie d'un second fiasco dévastateur au box-office, Battleship.
Avec son budget colossal de plus de 200 millions de dollars (auquel il faut toujours, bien entendu, ajouter celui du markting), le film n'a rapporté que 303 millions $.
Un rebond avant tout à la TV
Des échecs aussi cuisants au box office, dans de telles proportions financières, ont complètement obéré les chances de l'acteur de retrouver le haut de l'affiche dans de tels blockbusters.
Cela ne signifie évidemment pas qu'il n'a pas été capable de rebondir. Mais ce sera avant tout sur le petit écran. Dans des séries remarquées d'ailleurs. True Detective saison 2, déjà. Et surtout la mini-série Waco, en 2018, où il incarne très solidement le gourou David Koresh, leader de la secte des Davidians.
La rédemption pour John Carter est-elle possible ? Taylor Kitsch y croit en tout cas, grâce au streaming, comme il l'affirmait au micro du Hollywood Reporter : "Les gens m'arrêtent tout le temps à propos de ça. Je suppose que les gens qui le regardent maintenant pour la première fois peuvent en retirer beaucoup plus qu'au début... Honnêtement, je ne vois pas cela comme un échec".
Des considérations tenues sept ans après la sortie du film, le temps que la blessure puisse cicatriser...