Après L'enlèvement de Michel Houellebecq et Thalasso, le réalisateur Guillaume Nicloux convoque à nouveau l'écrivain français dans un 3ème film totalement loufoque : Dans la peau de Blanche Houellebecq.
Cette fois, le cinéaste nous emmène en Guadeloupe, où Blanche Gardin préside un concours de sosies consacré à Michel Houellebecq. Michel s’y rend, mais des événements imprévus vont plonger notre duo au cœur d’une intrigue rocambolesque.
Un récit complètement barré
L’intrigue du film est née lorsque Guillaume Nicloux a entendu parler d’une soirée des sosies organisée à Liège. Le cinéaste avait par ailleurs le désir de donner à Blanche Gardin le rôle de la présidente du jury.
"Ensuite, je suis resté fidèle au scénario mais le réel s’est invité dans la fiction. Houellebecq était dans les finalistes du Prix Nobel deux mois avant le tournage et après la parution de l’entretien avec Michel Onfray dans Front Populaire, tout a basculé.
Il est passé de nobélisable à paria national. Ces évènements ont évidemment guidé l’échange politique que déclenche Blanche pendant la séquence apéritive", indique le metteur en scène.
Guillaume Nicloux a fait le pari de réunir un duo totalement improbable, Blanche Gardin et Michel Houellebecq. Le tandem fait évidemment des étincelles dans un récit loufoque et enlevé, entremêlant éléments fictifs et réalité avec l'énergie jubilatoire d'un sale gosse.
Entre intimité et fiction
Le metteur en scène explique pourquoi il a décidé de rassembler ce duo : "Entre récit fictionnel et exploration intime, ça m’intéressait de confronter deux personnalités aux antagonismes forts, que tout oppose politiquement, dans un film à revendications indépendantistes."
Pour Guillaume Nicloux, Blanche est un électron libre et le fait beaucoup rire. "Dans le film elle agit sur Michel avec une certaine sollicitude, c’est elle qui le guide, l’engueule, le rassure parfois. Elle est aussi un emblème féministe très inspirant. Je la trouve talentueuse et courageuse."
Pour parvenir à un résultat proche d'un mockumentaire (faux documentaire parodique), Guillaume Nicloux a utilisé la même méthode que sur L’Enlèvement de Michel Houellebecq et Thalasso. Le réalisateur rédige d'abord un document romancé et dialogué.
"Puis il y a les répliques que je donne à certains et pas à d’autres. Pendant les prises, j’interviens beaucoup mais je laisse aussi libre court aux improvisations. J’encourage les comédiens à mentir, à se tromper, à se confier, à nourrir le fantasme", confie Guillaume Nicloux.
Anti-politiquement correct
Avec ce long-métrage, Guillaume Nicloux tacle gentiment le politiquement correct en abordant certaines problématiques sociétales de l’époque, comme "l’appropriation culturelle, ce qu’il faut dire ou ne pas dire, etc."
Toutefois, d'après le metteur en scène, cela reste bienveillant, "ne serait-ce parce que je n’ai pas d’avis tranché sur l’évolution 'woke' ; ce qui m’intéresse ce sont les réactions des protagonistes, je deviens alors le premier spectateur des débats."
Le but du cinéaste est d’explorer des zones où l’on abandonne l’autocensure pour aborder certaines thématiques sous un angle moins policé. "Plus largement, j’ai encouragé Cornélius à dire ce qu’il pense, il accule Blanche, Luc et Franck, alors enfermés dans la limousine et les confronte au passé esclavagiste subi par ses aïeux."
Dans la peau de Blanche Houellebecq débarque en salles le 13 mars.