Un an après son lancement, Lycée Toulouse-Lautrec revient ce soir sur TF1 pour une saison 2 qui nous réserve bien des surprises.
A l'occasion de la diffusion des deux premiers épisodes, Fanny Riedberger, la productrice et scénariste de la série, s'est confiée au micro d'Allociné sur le succès de la série, les grandes thématiques de cette nouvelle salve d'épisodes et plus particulièrement les conséquences de la mort de Charlie.
Allociné : Après le succès de la première saison de Lycée Toulouse Lautrec, et le bon accueil critique, aviez-vous la pression en vous lançant dans cette saison 2 ?
Fanny Riedberger : Oui, beaucoup. Je n'avais pas pensé à cette série de manière sérielle. J'ai pensé à cette série parce qu'on avait des choses à raconter. C'était un projet hybride et audacieux qui a miraculeusement marché donc il y avait une espèce de magie qui opérait.
Quand la saison 2 a été évoquée, je me suis dit "Oh là là, il va falloir se renouveler et être aussi fort". Quelque part, il y avait une force d'originalité dans cette première saison parce que c'était un monde qu'on ne connaissait pas. Il y avait la découverte et puis une des gamines mourrait à la fin. On s'est donc demandé comment on allait trouver des choses aussi fortes pour cette seconde saison.
Et puis finalement, on avait beaucoup de choses à raconter. Là où ça m'a rassurée, c'est quand j'ai compris que j'avais encore plein de choses à dire et à traiter. Le personnage d'Emilie (Constance Dollé) par exemple, cette mère qui a du mal à aimer sa fille handicapée, c'était quelque chose que j'avais très envie de traiter. J'avais donc encore plein de choses à dire. J'appréhendais oui mais on est très contents.
La saison 1 se terminait avec le décès de Charlie (Juliette Halloy). Quelles conséquences cette mort tragique va-t-elle avoir sur les lycéens de Toulouse Lautrec ?
Quand on est jeune, on est rarement confronté au deuil. Dans ce lycée, malheureusement si. C'est une de ses particularités. C'était le directeur qui me disait ça. Et ce qui est terrible dans ces décès, c'est qu'on perd un camarade et en même temps il y a un effet miroir. C’est ce qu'on a voulu faire avec le personnage de Marie-Antoinette (Ness Merad). Perdre son ami, nous rappelle qu'on est friable et que la maladie fait que ça ne dure pas aussi longtemps qu'une personne normale. C'est un sujet que j'avais très envie de traiter.
Après, ça a été dur à écrire. Comment ne pas plomber une saison en commençant par un deuil et en même temps on ne pouvait pas ne pas le traiter. La mort de Charlie va faire écho à plein de choses chez ces gamins et c'est inhérent à Toulouse-Lautrec aussi.
Il y a le deuil mais la saison 2 de Toulouse-Lautrec aborde également d'autres thématiques toutes aussi fortes : l’émancipation, l’amour, la peur de la mort, le rejet de la maladie, … Quels sont les enjeux liés à ces sujets à une heure de grande écoute ?
Il faut parler de ces choses-là, c'est important. J'ai cette conviction. C'est ce qui me motive tous les jours. J'ai vraiment l'impression que c'est un devoir. Je suis productrice mais je suis scénariste avant tout. J'ai la chance aujourd'hui de produire les sujets que j'ai envie de voir et je me dis que je n'ai pas le droit de ne pas le faire. J'aurai adoré voir une série comme celle-là à 20 ans. Il faut parler du handicap, il faut parler de cette mère qui peine à aimer sa fille. Il fallait aborder ces zones grises. Toutes ces thématiques sont essentielles et c’est une chance énorme de pouvoir les traiter sur TF1.
Vous disiez lors du point presse que vous ne travailliez pas forcément avec des médecins pour écrire sur ces sujets. Où puisez-vous vos idées ?
Je ne sais pas. Je suis une personne hypersensible qui ressent des choses. Evidemment, je vais faire appel à des médecins pour les cohérences comme avec le thème de la médecine illégale cette saison par exemple. Je n'ai pas la science infuse donc je ne veux pas dire de bêtises.
Pour le reste, je pense que j'ai cette naïveté de confiance quand j'écris. J'écris sur ce que je connais, sur ce que je ressens et sur ce que je fantasme. Et puis j'ai mes lecteurs qui sont les premiers à me dire quand ça ne va pas. Si l'un d'entre eux me dit que ce que j'ai raconté n'existe pas, je modifie.
J'ai été en immersion dans un lycée et j'ai beaucoup parlé aux gamins pour comprendre. J'ai aussi parlé au directeur qui m'a beaucoup appris. C'est lui qui me racontait que les histoires d'amour étaient très difficiles, qu'il y avait des grosses déceptions... Je me suis beaucoup nourrie et j'ai beaucoup écouté.
Comme la première saison, cette nouvelle salve d’épisodes est découpée en plusieurs chapitres. Ont-ils une signification particulière ?
Etonnamment, ce n'était pas un choix d'écriture. Pour écrire les épisodes, je partais des VO qui parlaient d'une thématique : la peur, le deuil… C'était d'ailleurs assez métaphorique. Et d'un coup, ça touchait Victoire mais ça venait aussi impacter tous les autres personnages. J'ai donc écrit en thématique. Ça m'aide et ça devient les titres des épisodes.
A chaque fois, je me pose la question de savoir ce que je vais raconter. Pour la saison 3 par exemple, on va se demander ce qu'il se passe après la terminale. Qu'est-ce qu'il se passe quand on quitte le cocon, le lycée, son foyer ? C'est quoi s'émanciper ?
On retrouve la patte de Stéphane De Groodt avec ses nombreux jeux de mots dans cette saison. Participe-t-il à l'écriture de ses répliques ?
Il y a toujours une part d'improvisation chez tout le monde. Les comédiens se sont vraiment appropriés les textes. Même moi je n'arrive plus à faire la différence entre les personnages et les comédiens. Dans cette série, il y a une vraie possibilité d'improvisation. Et oui, Stéphane en fait de temps en temps.
La série est inspirée de votre propre expérience et vous avez dit beaucoup de choses sur vous dans la saison 1. Quels éléments retracent votre vie dans cette nouvelle saison ?
Il y a beaucoup de moi dans cette saison 2. Je passe par des choses qui me touchent personnellement pour écrire. J'ai été Victoire. Dans la saison 2 typiquement, lorsque la mère de Victoire est dans la voiture, je fais quand même dialoguer ma mère sur sa culpabilité de l'accident. Il y a toujours beaucoup d'intime.
C'est difficile pour vous de vous mettre à nu de la sorte ?
Non au contraire, c'est cathartique.