Les jeux vidéo peuvent parfois accomplir de petits miracles. Si, si. Prenez Helldivers 2 par exemple. Développé par le studio britannique Arrowhead et fraîchement débarqué sur la console de Sony et PC, il connaît un immense succès, absolument foudroyant, joué par des centaines de milliers de joueurs.
La démocratie vaincra !
Jouable en coopération, il place les joueurs aux commandes d'escouades de soldats du futur, lancés dans des opérations de reconquêtes de planètes ravagés par des menaces ennemis, à commencer par des créatures de type arachnide.
Et, pour mener à bien leurs missions, l'arsenal est extra large : missile nucléaire, lance-flamme, fusil d'assaut, sniper, frappes orbitales depuis le vaisseau spatial, tourelles mitrailleuses à détection de mouvements...
Balancé via des capsules s'écrasant sur la surface des planètes, les joueurs se retrouvent à faire le ménage dans un jeu de massacre absolument jubilatoire et surtout drôle. Car l'équipe d'Arrowhead s'est largement inspiré de son modèle spirituel, un certain Starship Troopers de Paul Verhoeven.
De la pseudo démocratie à tendance fasciste, en passant par les slogans de propagande régulièrement crachés par les personnages et les pauses guerrières, l'arsenal qui est quasi le même que dans le film, les arachnides, l'humour second degré... Absolument tout rappelle le chef-d'oeuvre du cinéaste.
A quoi cela ressemble ? A ca !
Un chef-d'oeuvre redécouvert 27 ans après
Si l'on prend le temps de parler de Helldivers 2, c'est parce que l'engouement autour du jeu est tel qu'il a semble-t-il énormément boosté la curiosité des joueurs pour découvrir ou revoir le modèle d'origine ! En tout cas aux Etats-Unis.
C'est peu dire qu'au moment de sa sortie, l’ironie mordante et féroce de Starship Troopers de Paul Verhoeven, son discours satirique et anti-militariste, ne furent pas détectés par tous ses spectateurs, même professionnels.
Parmi la critique, certains évoquèrent même un film fascisant, sans relever le traitement appliqué par Paul Verhoeven à son sujet (et sans se souvenir de son tempérament de cinéaste...). Le New York Times parla même d'un film "dérangé et horrible"...
La sanction fut d'autant plus lourde que, doté d'un budget de production de 105 millions de dollars, soit le plus important dont ait jamais disposé le cinéaste, Starship Troopers n'en rapporta que 54 millions sur le territoire américain.
Le temps faisant son oeuvre, et le bouche à oreille aussi, heureusement, le film de Paulo est devenu absolument culte. Un jeu de massacre en forme de gigantesque bras d'honneur de la part du hollandais violent.
Le détail qui tue
Si vous revoyez le film, faites donc une pause à 1h41 et 40 secondes. Pour mémoire à ce moment là, Johnny Rico (Casper Van dien) prend la relève du lieutenant Rasczak (Michael Ironside), mort au combat.
Rico passe alors en revue sa nouvelle escouade, avant de balancer à son frère d'arme Ace Levy (Jake Busey) : "qui sont tous ces gamins ?" - "Nous avons reçu des renforts ! La plupart arrivent droit du camp d'entraînement" lui répond Levy. "Nous sommes les anciens, Ace" rétorque Rico.
Le plan en question fait moins d'une poignée de secondes. Le voici :
Un plan comme une manière de surtout souligner que, après avoir envoyé à la mort des centaines de milliers de soldats, pour ne pas dire des millions, l'Humanité est en réalité en train de perdre la guerre contre les arachnides. Au point de ne plus être capable que d'envoyer au casse-pipe des gosses ou des adolescents conscrits de force.
Comme un écho au nazisme et ses jeunesses hitlériennes, qui furent mobilisées au combat jusqu'à l'écroulement du IIIe Reich dans la bataille de Berlin. Ces mêmes très jeunes combattants qui furent salués par Adolf Hitler lors de son ultime sortie du Bunker de la chancellerie, en mars 1945 :
Si vous n'avez pas encore vu Starship Troopers (mais est-ce possible ?), un visionnage s'impose d'urgence. Et, même, si vous l'avez déjà vu, il est de toute façon toujours bon de revoir ses classiques !