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    Fan de Harlan Coben, voilà pourquoi je suis déçue par les séries Netflix adaptées de ses livres
    Chaïma Tounsi-Chaïbdraa
    Chaïma Tounsi-Chaïbdraa
    -Journaliste streaming
    Elle avait attendu avec impatience l’arrivée de Netflix et s’était inscrite dans l’heure pour dévorer la première saison de Daredevil. Depuis, elle suit de près ce qui sort chaque semaine sur la plateforme pour se faire des soirées binge-watching et vous conseiller le meilleur des sorties streaming.

    Harlan Coben et Netflix, c'est à chaque nouvelle production un carton assuré. Mais le succès de sa dernière série en date, "Double piège", m'a fait prendre conscience de la limite de l'exercice...

    8 février 2024. J’apprends avec stupeur que Double piège, que Netflix a très intelligemment proposé à ses abonnés le 1er janvier dernier, vient de se glisser dans le top 10 des séries en langue anglophone les plus vues depuis la création de la plateforme, en un mois seulement. Elle coiffe au poteau l’excellent spin-off de Bridgerton sur La Reine Charlotte.

    L’information n’est pourtant pas censée m’étonner : depuis son lancement, Double piège truste le haut du classement du top 10 hebdomadaire. A l’heure où j’écris ses lignes, elle est même à la 5ème position. Les avis sont plutôt bons, sans être dithyrambiques (elle est notée 3,3/5 sur AlloCiné). La moyenne, en soi. Mais de là à rejoindre Stranger Things, Mercredi ou encore Le Jeu de la dame, il y a de quoi lever un sourcil.

    Qu’on se le dise : j’ai regardé tous les épisodes de Double piège d’une traite. Je ne juge ni les spectateurs qui ont adoré, ni ceux qui ont détesté. Mais je pointe ici du doigt la formule Harlan Coben, certes efficace, mais qui génère des séries beaucoup trop similaires.

    Double piège
    Double piège
    Sortie : 2024-01-01 | 50 min
    Série : Double piège
    Avec Michelle Keegan, Adeel Akhtar, Richard Armitage
    Presse
    3,2
    Spectateurs
    3,4
    Voir sur Netflix

    Mais au fait, c’est quoi la formule Harlan Coben ?

    En tant que grande amatrice des romans d’Harlan Coben, j’étais très heureuse d’apprendre qu’il allait travailler activement sur des séries. D’abord sur une œuvre originale - The Five - puis sur des adaptations. En 2018, il signe un deal de 5 ans avec Netflix, qui permet au géant de la SVOD de porter à l’écran 14 de ses romans, pour différents territoires. Et là, c’est le début de la catastrophe.

    De ce contrat naîtront Intimidation, Disparu à jamais, Sans un mot, Ne t’éloigne pas, Dans les bois, Innocent et Double Piège. Autant de séries globalement moyennes, qui n’ont marqué ni les esprits ni les tops de l’année.

    En me baladant sur internet, je suis tombée sur ce post Reddit intitulé “J’en ai marre des séries d’Harlan Coben” et dont l’une des phrases souligne très bien ce que je reproche à l’auteur : “Toutes ces mini-séries ont la même intrigue. C’est le plus souvent une personne qui disparaît puis l’enquête fait apparaître une conspiration et on découvre de sales secrets”. On n’aurait pas dit mieux.

    Harlan Coben a vendu plus de 80 millions d'exemplaires de ses livres. Sky News
    Harlan Coben a vendu plus de 80 millions d'exemplaires de ses livres.

    Harlan Coben est un roi du thriller, c’est incontestable. L’auteur américain a écrit plus de 20 bouquins et pourtant, il enchaîne les best sellers. On ne vient pas là pour la qualité de l’écriture mais parce que ce sont de véritables page turners, avec des révélations à gogo.

    Ceux-là mêmes qui donnent envie de lire un livre jusqu’à la fin ou de regarder une série jusqu’à son dénouement final, sans pour autant trouver l'œuvre excellente. (Je vous passerai l’histoire de ce livre que j’ai oublié dans une chambre d’hôtel à Berlin alors que j’arrivais ENFIN au dénouement. Je m’en veux, encore aujourd’hui).

    Il faut ajouter que les acteurs qui portent ces productions sont rarement connus : outre Michael C. Hall dans Safe, Richard Armitage dans trois productions et Nicolas Duvauchelle dans Disparu à jamais, le casting ne déborde pas de superstars. Et le jeu des comédiens est parfois approximatif…

    Le critique américain Scott Bryan parle même de ces séries comme de la “junk food” version série : “Quand la météo est morose, vous n’avez plus un sou pour traîner avec vos amis, vous êtes plus enclin à rester chez vous et à regarder ce genre de feuilleton”.

    Un choix gagnant

    Contrairement à d’autres, l’auteur a annoncé la couleur dès le début : il ne fera que des mini-séries pour Netflix. Autrement dit, il veut offrir une fin satisfaisante à ses spectateurs (on l’aime quand même bien cet Harlan).

    Cette stratégie lui permet surtout de ne pas étirer la saison en longueur, d’être efficace et d’offrir un dénouement clair et net (même si c’est très souvent tiré par les cheveux). Quitte à prendre le contrepied de son roman, comme dans Double piège.

    Dans A découvert (à voir sur Prime Video), qui adapte le premier roman sur Mickey Bolitar (neveu de son principal héros de papier, Myron Bolitar), il change de stratégie. La série est pensée pour plusieurs saisons. On suit un groupe de lycéens - avec un ton young adult pour changer - qui enquête sur des disparitions et il y a un peu de mystique autour. En sortant du "moule", A découvert aurait clairement pu me réconcilier avec Harlan Coben. Mais le public n’a pas répondu présent, et elle a été annulée après une petite saison.

    Shelter met en scène un groupe de lycéens © 2023 Prime
    Shelter met en scène un groupe de lycéens

    C’est là la preuve que les spectateurs cherchent de la consommation rapide, qui tient assez en haleine pour ne pas avoir l'automatisme de sortir son téléphone et de scroller en parallèle (on l’a tous fait, avouons-le).

    Netflix fait surtout le choix de piocher dans des livres dont les intrigues sont assez similaires pour marquer le coup à chaque fois. Et le succès récent de Double piège montre que peu importe l’histoire ou les personnages, ce qui marche le plus, c’est la formule Harlan Coben.

    NB : Ceci étant dit, la bibliographie de Coben regorge de très bons livres, avec des personnages plus développés et des univers intéressants, qui lui permettent de jouer avec son humour si particulier.

    Surtout la collection Myron Bolitar, un héros pas parfait mais terriblement drôle et taquin qui vous fera forcément craquer. Ou Win, son meilleur pote aristocrate légèrement sociopathe et expert en karaté. Je sais que le jour où ses aventures seront portées à l’écran, on tiendra enfin quelque chose.

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