De quoi ça parle ?
Début des années 60, une vingtaine d’années ont passé depuis les évènements du Faucon Maltais. Le détective américain Sam Spade vit désormais en France dans la petite ville de Bozouls où il aspire à la paix et à la tranquillité. Mais la découverte macabre de six religieuses sauvagement assassinées va le précipiter dans une enquête en eaux troubles. Spade est loin de se douter que son passé vient de le rattraper.
Mister Spade, une série créée par Tom Fontana et Scott Frank avec Clive Owen, Cara Bossom, Denis Ménochet, Chiara Mastroianni... Les deux premiers épisodes diffusés dès 21h10 sur Canal+ et disponibles sur MyCanal.
Une fan fiction de luxe
Le légendaire détective Sam Spade revit grâce à Clive Owen dans la mini-série de prestige Mister Spade. Le personnage créé par Dashiell Hammett dans son livre Le Faucon maltais – incarné ensuite par Humphrey Bogart dans le film de John Huston – sort de sa retraite malgré lui alors qu'il coule des jours heureux au début des années 1960 dans le sud de la France, à Bozouls.
Pourquoi Bozouls ? Ce qui devait être un bref voyage, se transforme en retraite pour le célèbre détective qui y rencontre son nouvel amour, Gabrielle (Chiara Mastroianni). Sa vie tranquille est interrompue par le meurtre brutal de six religieuses au couvent local et par le retour d'un ennemi qu'il n'aurait jamais cru revoir un jour, Philippe Saint-André (Jonathan Zaccaï plus méchant que jamais).
Sublime Clive Owen
Clive Owen est magnifique dans son interprétation de Sam Spade. Il livre chaque réplique avec un visage impassible et des piques saillantes. Et il jongle parfaitement entre l'accent américain (rappelons qu'il est Anglais) et le stéréotype de l'Américain parlant mal le français. Il est surtout très touchant dans cette version plus âgée de Sam Spade qui laisse entrevoir sa vulnérabilité.
Spade s'impose rapidement à Bozouls alors qu'il s'efforce de ramener sa jeune protégée, Teresa (Cara Bossom), à sa famille. Il fait la rencontre des gens du cru dont le chef de police Patrice Michaud (Denis Ménochet) qui ne lui tend pas de tout de suite les bras.
Chaque personnage secondaire a droit à son développement et ne justifie pas de sa présence pour être simplement au service du héros. Ce qui rend l'enquête de Sam Spade d'autant plus intéressante... et compliquée.
Une fin mi-figue mi-raisin
Les dialogues sont délicieusement écrits, que ce soit en anglais ou en français. Et l'intrigue est passionnante... jusqu'à un certain point. Sa conclusion peut générer beaucoup de frustration pour sa résolution hâtée et brouillonne.
Néanmoins, il est impossible de regarder Mister Spade sans être emporté par la beauté des images. La France des années 1960 prend vie d'une manière spectaculaire. Les traumatismes de la guerre d'Algérie sont évoqués sans ambages et prennent un autre relief sous la plume de Frank et Fontana qui sont forcément détachés de l'Histoire.
On s'amuse tout de même de voir médecins, serveurs, garagistes parler un anglais quasi parfait. Mais on prend un vrai plaisir à laisser le flegme de Clive Owen nous transporter dans le temps et l'espace.