Après Jusqu’à la Garde, Xavier Legrand signe un nouveau grand film
Créateur de mode reconnu, Ellias Barnes est désigné pour devenir le directeur artistique d’une prestigieuse maison de haute couture française à la mort de son prédécesseur. Mais alors que son nouveau poste est pour lui cause de nombreuses angoisses, Ellias apprend le décès soudain de son père, avec qui il avait rompu tout contact depuis plusieurs années.
Contraint de se rendre au Québec où vivait son père pour régler la succession, Ellias s’aperçoit que son héritage ne comprend pas que des biens matériels : outre de sérieux problèmes de santé héréditaires, Ellias découvre également de graves et terribles secrets dont il va devoir assumer les responsabilités…
Copyright Haut et Court
Récompensé de cinq César (dont celui du meilleur film) pour son premier long-métrage, Jusqu’à la Garde, le cinéaste Xavier Legrand signe son grand retour avec Le Successeur. Cette plongée plus profonde encore dans les sombres abysses que peut atteindre la nature humaine, véritable perle noire d’écriture et de mise en scène, choque autant qu’elle émeut, notamment grâce à la performance troublante de son principal interprète.
Une performance déchirée, digne des plus grandes tragédies
Révélé par C.R.A.Z.Y et Le Premier Jour du reste de ta vie, qui lui valut d’obtenir le César du meilleur espoir masculin à 24 ans, Marc-André Grondin s’annonçait comme l’un des jeunes acteurs les plus prometteurs de sa génération, au même titre que Gaspard Ulliel ou Louis Garrel.
Mais son immense talent n’a pas été la seule chose remarquée par Xavier Legrand : “Marc-André s’est imposé comme une évidence, raconte le réalisateur. Des yeux enfantins dans un corps gaillard, fiévreux, émouvant, concret, charismatique, fort, solide, délicat, précis, doté d’une grande intelligence et d’une grande gravité, Marc-André porte toute la puissance et l’ambivalence qu’il faut pour le rôle.”
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Car malgré la sensibilité de ce personnage trouble, fragile et angoissé, Xavier Legrand souhaitait donner à Ellias une apparente solidité qui ne laisserait pas imaginer la profondeur abyssale de ses doutes et tourments.
“Félin, féminin, délicat, Ellias l’est dans son for intérieur, poursuit le cinéaste. Mais en apparence, il me semblait alors plus intéressant qu’il dégage une masculinité plus simple, une virilité plus classique. Il était important pour moi de déconstruire l’image standard du premier rôle masculin.
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Ici, il est question d’un homme qui n’assure pas, qui ne gère pas, qui est envahi par la trouille, submergé par la crainte, qui perd les pédales, totalement écrasé par le désastre. Il faut un acteur solide pour pouvoir plonger dans ce genre de méandres, dans une partition composée de trouille, de pleurs, de morve, de suffocation, d’incontinence, d’étouffement.”
Cet état d’angoisse profonde qui terrasse Ellias par sa force a vite fait de s’étendre, comme par contagion, au spectateur accablé par l’atmosphère qui entoure ces “retrouvailles” entre père et fils. Les découvertes sordides de ce dernier, et le poids nouveau qu’elles font peser sur ses fragiles épaules déjà surchargées, entraînent alors une inévitable identification.
Passé maître dans l’art d’explorer les tréfonds obscurs de l’âme humaine en bâtissant sa narration sur un crescendo dramatique de tensions et d’horreur, Xavier Legrand signe, après Jusqu’à la garde, un nouveau film coup de poing sur le poids d’une violence héréditaire, porté par l’interprétation magistrale d’un Marc-André Grondin plus tourmenté et déchirant que jamais.
Le Successeur de Xavier Legrand, avec Marc-André Grondin, est à découvrir dès aujourd’hui au cinéma.
