Nouveau coup de théâtre dans l'affaire Adèle Haenel contre Christophe Ruggia. En septembre dernier, l'AFP révélait que l'enquête pour agressions sexuelles concernant le réalisateur était terminée.
L'information judiciaire avait précisément pris fin le 22 août dernier. "La clôture de l'information judiciaire intervient un peu moins de deux mois après une confrontation de plusieurs heures le 29 juin entre la comédienne, 34 ans, et le réalisateur, 58 ans, qui conteste les accusations", ont précisé nos confrères du Film Français, qui ont indiqué que l'AFP n'avait pas pu joindre les avocats des différentes parties.
Pour rappel, l'affaire a éclaté le 3 novembre 2019. Adèle Haenel provoquait un séisme en accusant le réalisateur de son premier film, Les Diables, d'"attouchements" et de "harcèlement sexuel" dans les colonnes de Mediapart, qui avait mené l'enquête pendant 7 mois. Première actrice française à dénoncer des actes de pédophilie, Adèle Haenel brisait ainsi un tabou, et ouvrait un flot de réactions et de paroles.
Le 8 février, l'affaire a pris un nouveau tournant. Selon RMC, le parquet de Paris a requis "le renvoi devant le tribunal correctionnel de Christophe Ruggia pour agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité sur Adèle Haenel."
"Dans son réquisitoire définitif rendu mercredi 6 février 2024 que RMC a pu consulter, le parquet de Paris retient donc deux circonstances aggravantes à l’encontre de Christophe Ruggia pour 'plusieurs épisodes d’attouchement de nature sexuelle' datant de courant 2001 alors qu’Adèle Haenel avait 12 ans jusqu’au 10 février 2004."
Les deux circonstances aggravantes sont donc les suivantes : la minorité d’Adèle Haenel au moment des faits, à partir de ses 12 ans, et la position d’autorité de Christophe Ruggia, qui est le premier cinéaste à l’avoir fait tourner dans un film.
"Adèle Haenel dénonce des agressions sexuelles dès la première visite au domicile du réalisateur chez qui elle s’est rendue tous les samedis après-midi pendant près de trois ans après le tournage du film Les Diables, de ses 12 à 14 ans, de septembre 2001 à février 2004", précise RMC.
"Mon sentiment à l’époque c’est que j’avais le sentiment de sauver ma peau en sortant de cet appartement. Il prenait un prétexte quelconque pour venir à côté de moi sur le canapé. Là, il commençait à me caresser les cuisses en remontant vers mon sexe, comme ça, l’air de rien. Il touchait alors aussi mon sexe, il m’embrassait dans le cou en respirant très fort, il passait sa main dans le col de mon tee-shirt et il touchait ma poitrine", a témoigné l'actrice auprès des enquêteurs.
De son côté, le réalisateur Christophe Ruggia nie les faits qui lui sont reprochés. "RMC a contacté les avocats d’Adèle Haenel ainsi que les conseils de Christophe Ruggia qui n’ont pas souhaité commenter ces réquisitions."
"Après avoir été bouleversée par le récit de Judith Godrèche [l'actrice a déposé plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour abus sexuels], j’ai pris connaissance aujourd’hui même du réquisitoire de la procureure demandant le renvoi de Christophe Ruggia", a réagi Adèle Haenel au micro de Mediapart.
"De lire dans ce réquisitoire que les faits sont suffisamment caractérisés, corroborés par des témoignages et que mes déclarations sont constantes, précises et crues me touche beaucoup. C’est une étape du processus judiciaire mais, à l’évidence, elle est importante", a conclu la comédienne de 34 ans. "Les avocats d'Adèle Haenel, Yann Le Bras et Anouck Michelin, n’ont pas commenté la réquisition du parquet", indique Le Monde.
