Film de série B sorti en 1958 et élevé au rang de petit classique de la SF, L'attaque de la femme de 50 pieds, qui avait déjà fait l'objet d'un remake en 1993 avec Daryl Hannah en tête d'affiche, va de nouveau faire l'objet d'une nouvelle version, cette fois-ci sous les auspices de Tim Burton. L'occasion de se repencher justement sur le destin et la trajectoire d'Yvette Vickers.
Egérie de films de série B, ex Playmate du magazine Playboy dans les années 1950, surtout connue pour avoir incarné la femme de 50 pieds dans le petit classique de SF L' Attaque de la femme de 50 pieds en 1958, Yvette Vickers a connu son heure de gloire, fut-elle finalement très éphémère, avant de tomber dans l'oubli et un anonymat complet. Jusqu'à un dénouement aussi tragique que sordide, qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler la funeste fin de trajectoire de l'ex enfant star des studios Disney, Bobby Driscoll.
Du shampoing à Hollywood
Née le 26 août 1928 et originaire du Missouri, Yvette Vickers grandit avec des parents artistes musiciens de jazz. Enfant, elle voyage ainsi souvent, accompagnant ses parents au gré des tournées musicales aux quatre coins du pays. Ce n'est que lorsqu'elle entre à l'université de Californie, à Los Angeles, qu'elle se découvre un intérêt pour les cours de théâtre et, in fine, décide de devenir actrice.
Après avoir tourné quelques spots publicitaires pour une marque de shampoing, elle effectue de petites apparitions à la télévision, et décroche un premier rôle au cinéma, même s'il n'est pas crédité, dans Boulevard du crépuscule, en 1950. Durant plusieurs années, elle se contentera de nombreuses petites apparitions dans les films, notamment dans l'unique oeuvre signée par James Cagney, A deux pas de l'enfer, en 1957.
Ce n'est qu'avec L'attaque de la femme de 50 pieds, en 1958, qu'elle parvient à décrocher un premier rôle. Dans ce film de SF signé par Nathan Juran, elle y incarne la belle Honey Parker; maîtresse d'un homme marié (William Hudson) qui cherchera avec elle à se débarrasser de son encombrante épouse.
Ci-dessous, la bande-annonce du film...
S'il reste de la série B, le film lui permet de gagner à nouveau un premier rôle l'année suivante, dans L'Attaque des sangsues géantes. Séduit par sa plastique avantageuse, Hugh Hefner approche Vickers pour lui proposer de devenir la Playmate du mois dans son magazine Playboy, en juillet 1959.
Sorti juste avant le film, le magazine Playboy fait beaucoup pour la notoriété soudaine d'Yvette Vickers, qui s'affiche désormais aux bras de conquêtes comme Cary Grant, Lee Marvin ou Jim Hutton. Si elle s'est mariée trois fois, elle n'aura jamais d'enfant.
Une étoile très (très) filante
Sa notoriété est aussi soudaine qu'éphémère, bien qu'elle joue par exemple en 1963 dans Le Plus sauvage d'entre tous de Martin Ritt, dont la tête d'affiche est Paul Newman. Les propositions se raréfient de plus en plus, ne tournant qu'un épisode de série TV de ci, de là.
Elle essaie de se remettre en selle avec la série Switch dans les années 70, mais la tentative fait long feu. Complètement éclipsée dans les années 80, elle fera une ultime tentative de retour sur les écrans en 1991, dans un film intitulé Evil Spirits.
Sur la fin de sa vie, Yvette Vickers devient paranoïaque, persuadée que les gens la suivent en permanence, buvant beaucoup d'alcool, et en surpoids important. Elle vit le plus clair de son temps complètement recluse, dans une petite maison située à Beverly Hills.
En avril 2011, sa voisine, Susan Savage, inquiète de ne pas la voir depuis longtemps, donne l'alerte. Elle découvre le corps de l'actrice dans une pièce à l'étage de sa maison, après avoir enfoncé une porte barricadée. Le corps d'Yvette Vickers se trouvait au milieu d'une montagne de détritus, vêtements et courriers selon le Los Angeles Times, qui rapportait l'information.
La police qui s'est rendue sur les lieux fut horrifiée par sa découverte : le corps d'Yvette Vickers était littéralement momifié. Son décès remontait à au moins un an, compte-tenu de l'état avancé de momification de la malheureuse actrice.
"Elle était un esprit très indépendant. Jusqu'à la fin, elle recevait de nombreuses cartes postales et lettres de fans lui demandant des photos dédicacées" raconta Susan Savage. Le fait est qu'elle est morte dans l'oubli et l'indifférence générale la plus totale. Apprenant son décès, Hugh Hefner lâcha : "Elle a eu une vie pleine. Mais le fait qu'elle ait pu mourir sans ami qui s'en aperçoive immédiatement, c'est très triste".