De quoi ça parle ?
Paris, 1894. Qui est Fanni qui prétend s’être laissée enfermer volontairement à l’Hôpital de la Salpêtrière ? Cherchant sa mère parmi la multitude des femmes convaincues de « folie », Fanni découvre une réalité de l’asile toute autre que ce qu’elle imaginait, ainsi que l’amitié inattendue de compagnes d’infortune. Le dernier grand bal de la Salpêtrière se prépare. Politiques, artistes, mondains s’y presseront. Dernier espoir d’échapper au piège qui se referme…
7 ans après Orpheline, le réalisateur Arnaud des Pallières revient avec Captives, un film au casting exclusivement féminin, inspiré de l'histoire vraie du Bal des folles qui a donné lieu à un premier roman à succès (signé Victoria Mas) et le film de Mélanie Laurent, qui contrairement à Captives, est une adaptation directe du livre.
Léa Seydoux initialement pressentie
La gestation de ce film a été assez longue. Lorsque le projet en était à ses débuts, Léa Seydoux devait en tenir le rôle principal, finalement attribué à Mélanie Thierry. Charlotte Rampling et Cécile de France avaient également été annoncées au casting.
Il est finalement composé de Josiane Balasko et Marina Fois, toutes les deux dans des rôles à contre-emploi, ou encore de Carole Bouquet. Captives est également l'occasion de revoir Solène Rigot, qui tenait l'un des rôles principaux rôles d'Orpheline, précédent film de fiction d'Arnaud des Pallières.
Une production chaotique
Le cinéaste ne cache pas avoir connu une mise en production compliquée pour ce film. Il la qualifie même de chaotique, puisque le projet a connu deux arrêts : "Notre acharnement conjugué, avec Jonathan Blumental et Philippe Rousselet, nous a finalement permis de tourner à l’été 2022, avec un fort engagement de Canal+, en plus de France 2 et de trois régions : Île de France, Hauts-de-France et Normandie. Le film n’ayant pas eu l’avance sur recettes, le tournage, prévu sur neuf semaines, a été réduit à sept, ce qui m’a poussé à une méthode de travail qui a « donné » l’écriture cinématographique spécifique du film", se souvient Arnaud des Pallières.
Retrouvez tous les secrets de tournage du film
Un projet concurrent
Si le pitch du film vous rappelle quelque chose, c'est logique. Captives a connu en effet un projet parallèle, d'abord en livre, puis en film. Arnaud des Pallières et Christelle Berthevas avaient fini d’écrire une première version de leur scénario lorsqu'ils ont entendu parler de la sortie prochaine du roman Le Bal des folles de Victoria Mas (qui a donné lieu au film du même nom de Mélanie Laurent sur Amazon Prime), qu'ils ont préféré ne pas lire. Le metteur en scène explique : "Puisque nous avions déjà les grandes lignes de notre scénario, notre producteur n’a pas jugé pertinent de prendre les droits du livre. L’éditeur est donc allé voir un autre producteur… Ce qui a suscité un projet parallèle. L’idée ne nous était pas agréable mais nous sommes restés concentrés sur notre projet."
Et d'ajouter : "Nous voulions raconter le quotidien de ces femmes pauvres enfermées à la Salpêtrière, selon des critères qui relèveraient aujourd’hui de l’arbitraire le plus pur, à l’époque du dernier « bal des folles » qui eut lieu en 1894, après la mort de Charcot. Bal typique de cette fin du XIXe siècle à Paris, où l’on aimait s’encanailler dans les bouges à voyous, visiter en famille les indigènes des colonies parqués dans des « zoos humains ». Aller voir pour rire les fous derrière leurs grilles. Qu’une poignée de jeunes médecins progressistes décident d’y mettre fin et c’est le XXe siècle qui s’annonce. Le film se situe à ce moment de bascule." Le film est donc plutôt complémentaire du roman et du film de Mélanie Laurent, plutôt qu'un projet totalement concurrent.
Le Bal des folles a-t-il réellement eu lieu ?
Captives, tout comme Le Bal des folles, prend pour départ des faits réels. Comme nous le rappelions à l'époque de la sortie du film Le Bal des folles sur Prime Vidéo, en septembre 2021, cet événement a bel et bien eu lieu, dans les années 1880. Il était organisé fin février, à l’occasion de la fête de Mardi gras. Pour Jean-Martin Charcot, cette initiative était une chance d’offrir à ses patientes une série d’activités, comme les préparatifs. Toutes vêtues de déguisements, elles dansaient devant les yeux médusés des visiteurs qui attendaient une réaction anormale ou un geste déplacé de leur part.
Le professeur Charcot, qui refusait d'être présent lors de ces soirées, avait pour habitude d’inviter des étrangers lors de ses nombreuses expérimentations. Ainsi, il pratiquait des hypnoses ou des stimulations électriques en public. Ces exhibitions assumées étaient l'occasion pour lui d'étendre la réputation prestigieuse de son établissement. Précisons néanmoins que contrairement au film de Mélanie Laurent, Captives d'Arnaud des Pallières prend le parti de s'intéresser plutôt à l'avant.
"Se faisant passer pour « folle », Fanni entre à la Salpêtrière pour y chercher sa mère dont l’administration a perdu la trace car son identité a été falsifiée dans les registres à la demande de sa famille. Comptant révéler sa propre identité de femme bourgeoise saine d’esprit le moment venu, Fanni réalise qu’elle est prise au piège d’un lieu où, comme elle, chaque internée prétend n’être pas folle. À travers le regard de Fanni, c’est le quotidien de la condition des « folles » que le film raconte. Comme une image à peine grossie de la condition des femmes d’hier et d’aujourd’hui", précise le cinéaste dans le dossier de presse du film.
Captives est sorti ce mercredi 24 janvier 2024.