Adieu Monsieur Haffmann, huis clos intense et émouvant porté par Gilles Lellouche et Daniel Auteuil, plonge le spectateur dans le Paris des années 40, sous l’Occupation allemande.
Pour l'occasion, un brillant travail de reconstitution historique a été effectué dans le quartier de Montmartre. Des décors qui ont pris une autre dimension en 2020, lorsque la pandémie est arrivée...
Alors qu’il restait deux semaines de tournage (sur les dix prévues), les prises de vue d’Adieu Monsieur Haffmann, film dont on vous dit ici le plus grand bien, ont en effet dû s’interrompre brutalement en raison du confinement.
Un mal pour un bien selon le réalisateur Fred Cavayé : "Je pensais tourner la rafle avec les enfants et toutes les atrocités que l’on a déjà vues. Mais comment faire ?", déclare-t-il. "L’idée est alors venue de montrer ce qui se passe après : un quartier vide, quelques affaires éparpillées dans la rue… Il me semble que c’est finalement plus fort comme cela."
L'interruption de tournage a eu pour effet de laisser les rues de Montmartre, redécorées pour les besoins du film, telles quelles, donnant l’impression d’un voyage dans le passé. Publicités collaborationnistes, avis de couvre-feu, devantures à l'ancienne : c'est comme si l'iconique quartier parisien vivait l'Occupation une seconde fois...
"On était confinés, Paris était déserte et ses rues semblaient figées en 1942…", se souvient Fred Cavayé. "Mais aussi étrange que la situation puisse paraître, j’ai surtout été dérangé par le battage médiatique qui en a été fait car pour que cela soit plus croustillant, des médias ont intégré dans leurs reportages des affiches que nous avions pourtant enlevées.
Nous avions précisément retiré tous les signes antisémites et les voilà qui s’affichaient à la télévision et sur internet ! Cette dérive médiatique est un autre sujet mais bon… C’était pénible."
Le tournage d'Un sac de billes, film dont l'action se déroule également durant la France occupée, avait lui aussi été le théâtre d'une reconstitution d'époque. Point de pandémie ici, mais un émoi de certains habitants lorsque fut installée une bannière nazie sur le Palais préfectoral de la ville de Nice, décor choisi pour représenter l'Hôtel Excelsior, réquisitionné par les SS pour y accueillir le QG de la section anti-juive.
A l'époque, le directeur du cabinet du préfet, François-Xavier Lauch, s'était expliqué dans Nice Matin. "Nous avions pris les devants et toutes les précautions avant ce tournage", déclarait-il.
"La ville de Nice a été prévenue, nous avons alerté la population via un post sur notre page Facebook. Nous avons appelé la communauté israélite de Nice pour bien expliquer la situation."
"Adieu Monsieur Haffmann" : le making-of