Sacrée Miss France 2000 à seulement 18 ans, Sonia Rolland est aujourd’hui une figure incontournable de la télévision française.
Elle qui se rêvait basketteuse portera finalement l’écharpe de Miss France un peu par hasard. Et c’est aujourd’hui dans Un destin inattendu, qui sera diffusé ce soir sur France 2, que Sonia Rolland a décidé de raconter son histoire.
Rencontrée au mois de septembre dernier au Festival de la Fiction de La Rochelle, Sonia Rolland s’est confiée au micro d’Allociné sur ce conte de fées moderne et social qu’elle a écrit et réalisé.
Allociné : Après avoir réalisé un documentaire sur le Rwanda et un court-métrage intitulé Une vie ordinaire, vous avez décidé de raconter une partie de votre histoire dans Un destin inattendu. Qu’est-ce qui a motivé ce projet ?
Sonia Rolland : De me présenter au public et de raconter un peu ce qui m'anime depuis toute jeune. Quand on naît médiatiquement par le biais de Miss France, on est assignée à quelque chose qui reste de l'ordre du papier glacé mais qu'on ne connaît pas très bien dans le fond. C'était une façon de montrer que quand le destin s'invite, il ne faut pas l'insulter.
Sur ce film, vous n’êtes pas que réalisatrice puisque que vous endossez également la casquette de scénariste. A quels challenges avez-vous dû faire face pour gérer cette double casquette ?
J'ai mis six ans à faire ce film. J'ai mis six ans à convaincre que j'étais une réalisatrice qui pouvait endosser ce rôle-là pleinement. En revanche, j'avais conscience d'une chose, c'est que je m'attaquais à un projet ambitieux. Je me suis entourée de gens qui m'ont vraiment inspirée, du chef opérateur à la monteuse en passant par les producteurs au conseiller des programmes. J'ai eu une superbe équipe.
Vous racontez votre histoire dans ce film. Est-ce un exercice difficile de se dévoiler autant et de se replonger dans des pans parfois difficiles de votre vie ?
C'est compliqué de garder la bonne distance avec ce qui a pu parfois être douloureux. Tout ce qui a été de l'ordre de la douleur, des choses difficiles à digérer comme le racisme ou la discrimination sociale, ou des choses qui peuvent vous plomber et vous empêcher d'avancer dans la vie. Ce film s'adresse vraiment à tout le monde parce que le monde populaire doit continuer à y croire et à se défaire de ses chaînes mais aussi de ses propres démons. Parce que finalement, on a tous un ennemi intérieur qui nous empêche d'avancer et qui nous dit : "Non n'y va pas, ce n'est pas fait pour toi". Cette phrase, je ne peux pas l'entendre. Je suis la preuve qu'avec de la détermination, du travail et de l'écoute, on avance. On peut aller très loin. Mais pour ça, il faut savoir se remettre en question.
Il y a beaucoup d’aspects autobiographiques dans cette histoire mais aussi certainement autant de passages romancés. Qu’est-ce qui est vrai et ne l’est pas ?
Tout est vrai sauf ce qui se joue entre les Miss. Ce sont des témoignages qui viennent de certaines Miss et que j'ai voulu mettre en lumière. Ça a été vécu mais pas forcément à mon époque. Ce qui est vrai, c'est le cheminement de Nadia, ce qu'elle vit, ses émotions, les angoisses de sa famille et de son entourage. Il y a beaucoup de choses vraies mais il y a aussi une grosse part de fiction parce que je voulais que tout le monde se retrouve dans ce film.
Pour le rendre plus universel, je me suis détachée de ma région. J'ai offert à mon personnage l'écharpe de Miss Poitou-Charentes. C'était une façon de les remercier de m'accompagner dans cette aventure. De toute façon, ça ne change rien aux propos mais ça permet quand même aux téléspectateurs de prendre de la distance avec mon histoire personnelle.
Dans ce film, Clémentine Célarié incarne Dame Clochette. Cette personne a-t-elle vraiment existé ?
Oui. Elle existe encore. Elle s'appelle Geneviève Leblanc. C'était notre chaperonne et le bras droit de madame de Fontenay. A l'époque, madame de Fontenay avait la volonté de laisser entendre à une Miss qu'elle était l’une de ses favorites. Il y avait une espèce d'impartialité qu'elle imposait et donc elle n'avait pas affaire aux candidates à l'époque. C'était plutôt plaisant d'ailleurs, parce que ça nous challengeait et ça nous donnait envie d'en savoir plus sur elle.
Avant mon élection, Geneviève était très discrète. Ce n'était pas celle qu'on voyait intervenir sur les plateaux. C'est vraiment né de mon élection tout ça. Elle a voulu montrer que cette France plurielle était mise à l'honneur et qu'elle en était fière à travers mon élection qui était quand même toute nouvelle. J'étais la première Miss d'origine africaine, ce qui symbolisait un truc incroyable à l'époque.
Le comité miss France était-il au courant de votre projet de film ?
Oui. La société Miss France est partenaire de ce film. Madame de Fontenay était au courant du projet. Elle m'avait même proposé de me prêter son chapeau. Ce que je regrette, c'est qu'elle n'ait pas pu le voir. Elle était très malade et très isolée. Elle est partie dans une vraie discrétion.
Ce film est finalement une véritable lettre d'amour à votre père auquel ce film est dédié. Était-ce important pour vous de lui rendre hommage ?
Oui. Je regrette que mon père ne soit plus de ce monde. Je pense qu'il serait très fier. Il était passionné de cinéma et de fiction. C'est lui qui m'a donné le goût de tout ça. Je lui ai dédié ce film parce que c'est grâce à lui et grâce à sa folie que je suis finalement ici.
Je le dédie aussi à ma mère parce que c'est grâce à sa structure que j'ai eu ce parcours-là aussi. Avoir les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, c'est un exercice qui n'est pas simple. Et ma mère a beaucoup contribué à ce que je me maintienne sur terre.