Quentin Tarantino a toujours des conseils cinéphiles à dispenser ! Ainsi, il est probable et tout à fait normal que vous ne connaissiez pas forcément Daisy Miller, sorti en 1974, le sixième film de fiction de Peter Bogdanovich. Eh bien pour le réalisateur de Pulp Fiction, il est temps que vous le rattrapiez !
Adapté d'un roman de Henry James, le film se déroule durant les années 1870. Daisy Miller visite une station thermale en Suisse accompagnée de sa mère et de son jeune frère Randolph. Elle y rencontre Frederick Winterbourne, un Américain expatrié qui tombe sous son charme. Ils promettent de se revoir en Italie, mais le tempérament libre de Daisy va commencer à déranger Frederick...
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"Peter a fait un film à la manière des adaptations gaies et divertissantes des classiques de la littérature que produisait Hollywood dans les années trente et quarante", analyse Quentin Tarantino dans son ouvrage Cinéma Spéculations.
"Il faut quand même reconnaître que le film démarre de manière un peu bizarre. Le ton de la scène d'ouverture entre Winterbourne (Barry Brown) et Randolph (...) (James McMurtry) est un peu rebutant. On voit ce que Peter essaye d'accomplir, mais on n'est pas certain que ça va marcher."
Cependant, le film gagne en puissance au fur et à mesure qu'il avance et culmine avec un final coup de poing à l'estomac. Le film de Bogdanovich est, de fait, très drôle, pourtant le spectateur est profondément triste en regardant le générique de fin s'estomper.
Daisy Miller aurait pu être réalisé par Orson Welles, qui a renoncé au projet. Il s'agit du troisième et dernière long métrage de la firme de production montée par Francis Ford Coppola, William Friedkin et Bogdanovich après La Barbe à papa et Conversation secrète. Les trois metteurs en scène jetteront l'éponge après la sortie de Daisy Miller et fermeront leur entreprise.
L'actrice principale du film est Cybill Shepherd, alors petite amie de Bogdanovich, et Tarantino écrit à son propos :
"Il est vrai que Bogdanovich a surestimé le talent de Cybill Shepherd. Mais s'il est un talent qu'elle possédait vraiment, c'était son aisance pour débiter des dialogues hawksiens à la mitraillette. Talent que l'on peut amplement apprécier à la fois dans Daisy Miller et dans les scènes non chantées d'Enfin l'amour. Ainsi que dans ses scènes avec Albert Brooks dans Taxi Driver et Banco à Las Vegas d'Ivan Passer, qui conduiront à son spectaculaire come-back (...) dans le feuilleton Clair de lune."