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    "Je n'aurais pas dû le faire !" : Ridley Scott regrette d'avoir coupé des scènes de Kingdom of Heaven
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Dans un long entretien accordé au site Deadline durant la promotion de son film "Napoléon", en salle depuis ce mercredi, Ridley Scott a évoqué son film "Kingdom of Heaven", qu'il regrette d'avoir beaucoup coupé pour sa sortie en 2005.

    Durant le marathon promotionnel autour de son Napoléon, en salle depuis hier, Ridley Scott a accordé un long entretien au site de référence Deadline. Un échange dense, puisqu'il balaye généreusement la carrière du cinéaste, qui ne dédaigne jamais revenir en arrière pour évoquer de douloureux souvenirs. En l'occurrence ici son Kingdom of Heaven.

    Très grand film injustement boudé à sa sortie en 2005 pour les uns, film boursouflé et jamais débarrassé des tics de mise en scène de Ridley Scott pour d'autres, Kingdom of Heaven n'a pas manqué de diviser l'opinion.

    Le verdict en salle, lui, fut sans appel : un gros échec aux Etats-Unis et au Canada, puisque le film ne rapporta que 47 millions de dollars sur les 130 investis. Au Box Office mondial, il ne brilla guère beaucoup plus : un peu plus de 218 millions $.

    Kingdom of Heaven : qu'est-ce qui vous attend dans la version longue ?

    Ridley Scott en a beaucoup voulu à l'époque aux équipes marketing de la Twentieth Century Fox, qui selon lui avaient complètement fourvoyé les spectateurs en leur vendant un film d'aventure mâtiné d'exotisme et d'une histoire d'amour; au lieu d'un examen attentif d'un conflit sanglant de religions au temps des Croisades.

    "Dans Kingdom of Heaven, j'ai retiré 17 min et je n'aurai pas dû le faire. Cela concernait le dilemme de Sybille, la princesse de Jérusalem, qui découvre que son fils est atteint de la lèpre. Donc tout un pan de l'intrigue a été mis de côté et a englouti 17 min du film. Pour moi, cela rendait le film plus consistant. Je l'ai supprimé pour alléger l'histoire, et je le regrette. Maintenant, je regarde le film, et je le trouve bon. Vraiment bon" commente le cinéaste dans l'entretien.

    "Bêtement, j'ai accepté de couper le film !"

    La version sortie en salle fait 145 min. Pour sa version Director's Cut, sortie en DVD à l'époque et disponible en Blu-ray depuis, celle-ci passe à 187 min. La version Director's Cut du film, présentée pour la première fois en décembre 2005 au Laemmle Fairfax Theatre de Los Angeles, était très attendue par les fans. Car elle rééquilibre la psychologie des personnages, mais développe surtout les sous-intrigues politiques, qui avait été considérablement réduites au montage destiné à l'exploitation en salle, et amoindrissait grandement l'ampleur du spectacle.

    Toujours à propos du film, on peut adjoindre d'autres considérations du cinéaste, relevées cette fois-ci dans le numéro d'octobre 2023 du magazine Première, qui a justement consacré sa couverture à son Napoléon, dont on rappelle d'ailleurs qu'il fera l'objet, lui aussi, d'une version longue de près de 4h, qui sera diffusée sur Apple courant 2024.

    Twentieth Century Fox

    "Ce qui s'est passé avec Kingdom of Heaven a été un peu stupide. Quand tu réalises un film, tu es tout seul à la tête d'une énorme équipe. Et tout le monde a son avis. Toi, tu as écrit le film, tu le produis, tu l'as préparé, casté, tourné... A l'arrivée, j'étais complètement épuisé. Au fil des années, j'ai appris une leçon : ne jamais s'asseoir en salle de montage en toute fin de tournage, parce que ca émousse ton jugement.

    Depuis cette histoire, je fais le montage au fur et à mesure du tournage. Je suis dans une pièce avec six moniteurs puisque je tourne avec six caméras simultanément. [...] La seule raison pour laquelle j'ai coupé Kingdom of Heaven, c'était une authentique lassitude. Et puis le studio réclamait une version : "Allons ! On n'a pas besoin de toute cette histoire secondaire autour de cette femme ! Bêtement, j'ai accepté".

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