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    "J'ai quitté Hollywood" : 30 ans après, les confidences du réalisateur de Demolition Man
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Peu après son génial coup d'éclat que fut "Demolition Man", le réalisateur Marco Brambilla a fini par tourner le dos à Hollywood pour devenir un artiste vidéaste très réputé. Dans un récent entretien il évoque cette époque révolue pour lui.

    Mais qu'était donc devenu le réalisateur du délirant et visionnaire Demolition Man, qui soufflera d'ailleurs en février prochain les 30 bougies de sa sortie ? Formé à l'école de la publicité, le surdoué réalisateur italo-canadien Marco Brambilla , désormais sexagénaire, a quasi disparu de la circulation hollywoodienne, après avoir signé son film qui opposait Sylvester Stallone et Wesley Snipes.

    C'est l'un des plus grands mystères du cinéma : Stallone sait comment on utilise les 3 coquillages de Demolition Man !

    Si le cinéaste s'est éclipsé d'Hollywood, il est surtout parti rebondir dans un domaine où il excelle. Devenu un artiste vidéaste reconnu aux quatre coins du monde, il expose jusqu'au 7 janvier prochain au Centquatre (75019) une œuvre baptisée Heaven's Gate, dans le cadre de la Biennale internationale des arts numériques.

    De passage à Paris pour présenter son œuvre, il a accordé un entretien au quotidien Libération, publié dans son édition du week-end du 4/5 novembre dernier ; et se laisse aller à quelques confidences sur son passé dans les travées hollywoodiennes.

    Ayant commencé à travailler pour la société de production publicitaire de Ridley et Tony Scott, il fut embauché à 27 ans pour ce qui allait devenir Demolition Man. L'occasion de découvrir qu'à l'origine le projet ne lui était pas destiné.

    "Il avait été proposé à mon ami David Fincher, mais il n'était pas disponible, alors il m'a recommandé. Réaliser ce film ne me faisait pas peur. La pub m'avais permis d'acquérir une expérience solide.

    Mais j'avais peur d'Hollywood. Je me sentais totalement étranger à cette ambiance survoltée, cette agitation permanente, cette intensité dans les rapports. Surtout, j'avais peur qu'on m'empêche de faire le film que je voulais. Le script était drôle, intelligent. L'enjeu était énorme".

    Warner Bros.

    30 ans après sa sortie, il est toujours satisfait du résultat : "le film a étonnamment bien vieilli. La vision du futur qu'il dépeint s'est avérée hélas plus pertinente que nous ne le pensions".

    Pourquoi avoir quitté le village hollywoodien ? "Parce que je suis arrivé trop tard" confie-t-il. "A Hollywood, jusqu'à la fin des années 80, les réalisateurs avaient le contrôle de leurs films. Mon arrivée, au début des années 90, correspond au moment où ce sont les producteurs qui ont pris le contrôle.

    Si vous étiez Martin Scorsese ou James Cameron, vous pouviez toujours avoir la main. Mais si vous débutiez comme moi, ce n'était plus possible. Il y a eu quelques exceptions comme Quentin Tarantino, Paul Thomas Anderson... Mais ça été les derniers".

    Pointant les relations compliquées sur le tournage avec le producteur du film, le notoirement bouillonnant Joel Silver, Marco Brambilla est sorti concassé de l'expérience. Et l'envie, déjà, de ne pas être enfermé dans la case où les producteurs hollywoodiens cherchaient à le mettre : "Après Demolition Man, on ne me proposait plus que des films similaires : Judge Dredd, Volte / Face... J'étais content de mon film, mais je ne voulais pas refaire la même chose".

    Barbie, une publicité déguisée en film

    Le cinéaste pointe, à raison, la mainmise des publicitaires et du marketing à Hollywood, ayant même remplacé les producteurs. "Avec les producteurs, il y avait encore un point positif : certains d'entre eux aimaient le cinéma et le comprenaient. Mais avec les gens du marketing, de la publicité, c'est fini.

    On ne vous demande plus de quoi parle votre film, mais "qu'est-ce qu'on peut en faire ? Comment peut-on l'utiliser ?" Le point de bascule de cette logique a été franchi pour lui avec le film Barbie : "nous avons assisté à la sortie du premier long métrage hollywoodien se situant à l'exact croisée du film de cinéma et du spot publicitaire.

    Nous avons atteint le moment où non seulement ce sont de stratégies marketing qui décident du contenu d'un film, de son récit, des personnages, mais où le produit fini n'est plus qu'une gigantesque publicité déguisée en film". Vu l'immense carton en salle du film, qui a rapporté à Warner plus de 1,44 milliard de dollars, les studios ne sont pas près de lâcher cette nouvelle martingale...

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