Simple comme Sylvain, actuellement et exclusivement au cinéma.
ÇA PARLE DE QUOI ?
Sophia est professeure de philosophie à Montréal et vit en couple avec Xavier depuis 10 ans. Sylvain est charpentier dans les Laurentides et doit rénover leur maison de campagne. Quand Sophia rencontre Sylvain pour la première fois, c’est le coup de foudre. Les opposés s'attirent, mais cela peut-il durer ?
UN PROJET QUI NE DATE PAS D’HIER…
Révélée devant la caméra de Xavier Dolan il y a un peu plus de 10 ans, dans Les Amours imaginaires et Laurence Anyways, Monia Chokri a démarré sa carrière de réalisatrice par un court-métrage en 2013 (Quelqu'un d'extraordinaire), avant de s’attaquer aux longs-métrages dès 2019.
Après Babysitter en 2022, la voilà de retour avec son 3e film, Simple comme Sylvain, dans lequel elle aborde la thématique du couple et de l’amour à l’épreuve des classes sociales. Un sujet qu’elle avait en tête alors qu’elle terminait de tourner son tout premier long-métrage.
“J’ai commencé à le structurer quand je terminais La Femme de mon frère, donc ça fait pratiquement cinq ans. Au moment de mon premier long, j’étais encore un peu actrice, et puis il y a eu Babysitter. J’ai fait des pauses (...). Je vois ce temps que j’ai pris comme un allié.”
MEILLEURES AMIES DERRIÈRE ET DEVANT LA CAMÉRA
Pour incarner son héroïne, quadragénaire installée dans une vie rangée et dont le cœur est emporté dans une passion amoureuse vibrante et inattendue, Monia Chokri a porté son choix sur Magalie Lépine-Blondeau.
Actrice très connue au Canada, que ce soit grâce à ses rôles à l’écran ou au théâtre, elle a notamment joué dans la pièce de théâtre La Nuit où Laurier-Gaudreault s'est réveillé, de Michel Marc Bouchard, et dans son adaptation en série signée Xavier Dolan.
Une comédienne que Monia Chokri connaît très bien, puisqu’en plus de l’avoir dirigée dans son premier court et son premier long-métrage, la réalisatrice est aussi sa meilleure amie dans la vie. Loin de la déranger, cette relation a au contraire aidé la cinéaste dans sa mise en scène.
“Je suis quand même assez directive, j’aligne les acteurs sur une certaine tonalité, et on répète beaucoup pendant les tournages. Mais avec Magalie, on a les mêmes goûts, le travail est facile.
Je voulais aussi la laisser assez libre, raconte-t-elle. Elle a une maîtrise exceptionnelle, et puis elle me faisait confiance, elle avait vraiment envie de défendre ce projet, ce personnage, cette histoire-là.”
FILMER LA SEXUALITÉ À HAUTEUR DE FEMME
S’il aborde les questionnements amoureux sous le prisme de la philosophie, et permet de nous éclairer sur les significations de notions telles que le couple ou le désir, Simple comme Sylvain fait aussi une grande place aux corps.
Faisant chambre à part avec l’homme dont elle partage la vie depuis 10 ans, Sophia subit une décharge foudroyante à la rencontre de Sylvain. Une attirance et une évolution dans sa manière d’aborder la sexualité que Monia Chokri fait apparaître sans fard à l’écran, mais avec un regard assez nouveau.
“Les scènes de sexe, il y en a tellement au cinéma... Elles ne m’intéressent jamais vraiment, on les traite toujours d’un point de vue graphique. Pour moi, elles ne sont bonnes que si elles font avancer le récit, avoue-t-elle sans détour.
C’est assez compliqué, car on a été éduquées par la vision qu’ont les hommes de l’érotisme et de la sensualité. On dit tout le temps que le corps d’une femme, c’est sensuel, et que celui d’un homme, ce n’est pas sexy. C’est encore une injonction à exposer nos corps de femmes.”
“Mon défi, c’était de ne pas montrer le corps de l’actrice, je voulais que ce soit son point de vue. On a alors des plans très serrés sur le corps de Sylvain. Dans la scène du cunnilingus, c’est aussi elle qui dirige. (...) J’ai donc traité les scènes de sexe comme des séquences de dialogue.”