Ce n'est pas exactement une découverte. Le tournage d'un film, devant et / ou derrière la caméra, n'est pas toujours un long fleuve tranquille. L'expérience peut même carrément virer à l'extrême, comme ce fut le cas pour Apocalypse Now, dont le tournage homérique est raconté dans l'hallucinant making-of Heart of Darkness. Ou encore Fitzcarraldo de Werner Herzog, et ses relations conflictuelles avec Klaus Kinski.
5 grands noms du cinéma qui n'ont signé qu'un seul filmSi certains talents du cinéma ne manifestent pas spécialement l'envie de coiffer un jour la casquette de réalisateur, tout aussi nombreux sont ceux qui finissent par céder aux sirènes de la réalisation, par envie et / ou par défi. Reste que certaines de ces tentatives ne seront pas reconduites. Pourquoi ? Expériences douloureuses et épuisantes, raisons financières... Ce ne sont pas les explications qui manquent.
Après avoir évoqué quelques fameux cas comme Gary Oldman sorti concassé de son expérience sur le film Ne pas avaler ou Marlon Brando qui signa un unique film, en l'occurrence un western, c'est l'occasion de faire un petit coup de zoom sur un talent plutôt inattendu dans cette liste de candidats : Arnold Schwarzenegger.
Arnie et le bonbon de Noël
En septembre 1968, à l'âge de 21 ans, il part s'installer outre-Atlantique, avec très peu d'argent en poche et un niveau d'anglais plutôt faible. L'American way of life et ses traditions le fascinent, désireux par-dessus tout d'embrasser cette culture qui lui tend les bras. N'ayant pas reçu le soutien de ses parents dans ce nouveau sillon qu'il tentait de creuser, Arnie est devenu un véritable self-made-man, dans le sens le plus américain du terme, à force de volonté et d'abnégation. Et l'Amérique adore ce genre de success story.
On ne présente guère plus sa filmographie, qui aligne quand même des longs-métrages comme Terminator, Predator, Conan le Barbare, True Lies, Total Recall, Last Action Hero, Commando... Des œuvres qui l'ont hissé au firmament des icônes de films d'action des années 80-90. Il attendra 1990 pour passer une première fois derrière la caméra, en signant la réalisation d'un épisode de la série culte des Contes de la Crypte.
Tout juste un an après avoir à nouveau incarné le T-800 dans l'indéboulonnable Terminator 2, notre Arnie préféré franchit cette fois une étape supplémentaire en réalisant ce qui reste à ce jour son unique film ; en l'occurrence un film de Noël directement pour la télévision : Christmas in Connecticut. Comme une sorte de hors-d'œuvre avant La Course au jouet, qui sortira quatre ans plus tard en salle.
Arnie est en terrain très balisé. Aux Etats-Unis, le film de Noël est une véritable institution, un rituel annuel et familial incontournable, qui possède ses totems, comme Miracle sur la 34e rue ou La Vie est belle de Frank Capra. Remake d'un film sorti en 1945 et réalisé par Peter Godfrey, Christmas in Connecticut met en scène les comédiens Dyan Cannon, Kris Kristofferson et Tony Curtis.
Le pitch ? Elizabeth (Dyan Cannon) est la star d'une émission culinaire à succès et l'auteure de plusieurs livres de cuisine. Alexander (Tony Curtis), son manager, découvre au JT un garde forestier héroïque nommé Jefferson (Kris Kristofferson). Ayant perdu sa maison dans un incendie, il lance un appel à la générosité, souhaitant pouvoir bénéficier d'un dîner de Noël fait maison.
De là naît une petite idée : pourquoi Elizabeth ne lui préparerait pas un dîner de Noël mémorable ? L'ennui, c'est qu'en réalité, elle ne sait absolument pas cuisiner. Et tente d'empêcher Jefferson et le public de le découvrir, en particulier lors d'une émission en direct...
Ça ressemble à quoi ? A voir ci-dessous !
Scènes mielleuses et ultra cheezy, regards complices et énamourés entre les deux héros que, bien entendu, tout oppose mais finiront par se rapprocher ; tentatives de gags qui tombent systématiquement à plat, une bonne morale, et même un petit caméo de Arnie en prime...
Christmas in Connecticut coche toutes les cases de la production feel good - doudou de Noël, à regarder avec une tasse de chocolat chaud et sous un plaid. Le talent de la réalisation en moins... En fait, ce téléfilm semble être devenu un embarras pour Schwarzenegger, au point de ne même pas être évoqué dans la série documentaire de Netflix consacrée à l'acteur, sobrement baptisée Arnold.
Ni même dans son autobiographie publiée en 2013, Total Recall: My Unbelievably True Life Story. L'expérience semble en tout cas l'avoir pas mal refroidi, puisqu'à date, ce téléfilm reste son unique contribution. Et, à 76 ans, on imagine qu'il a désormais d'autres priorités. Même s'il ne faut jamais insulter l'avenir.