Actuellement à l'affiche du drame historique et culinaire La Passion de Dodin Bouffant, qui a récemment été sélectionné pour représenter la France aux Oscars, la comédienne française Juliette Binoche a évoqué une expérience plus compliquée mais qu'elle a néanmoins choisi de mentionner lorsqu'il lui a été demandé de raconter son "échec le plus salvateur".
Au milieu des années 90, elle avait ainsi initialement été choisie par le cinéaste Claude Berri pour incarner Lucie Aubrac dans un drame sur la célèbre résistante (épouse de Raymond Aubrac qui avait été arrêté aux côtés de Jean Moulin). Elle a pourtant été évincée du projet au profit de Carole Bouquet, sans véritablement comprendre pourquoi :
"J'allais voir Lucie Aubrac à peu près tous les jours pendant deux, trois mois. J'ai préparé vraiment, vraiment bien parce que c'est un sujet que j'ai trouvé passionnant, et une femme passionnante", a-t-elle ainsi confié dans l'émission La bande originale, sur France Inter.
"On est devenues proches, et je crois que j'ai dû, je ne sais pas... Claude a viré 20 personnes pendant le tournage, dont il n'allait pas bien. Quelques mois après, on s'est recroisés. Il m'a sauté carrément dessus en me prenant dans les bras, en me disant : 'J'ai un projet, j'ai un projet super pour toi avec Redford'. Je me suis dit : 'Il est complètement fou.'"
Retrouvailles gourmandes pour Juliette Binoche et Benoît Magimel : après Cannes et avant les Oscars, Dodin Bouffant va vous régaler au cinémaMais en quoi cette expérience a-t-elle représenté un "échec salvateur" pour la comédienne ? Juliette Binoche, qui recevait trois mois plus tard l'Oscar de la meilleur actrice pour sa prestation dans Le patient anglais, a expliqué que cette mésaventure lui avait permis de prendre du recul :
"Quand j'ai eu l'Oscar, trois mois après, j'avais été vaccinée contre aussi bien [le fait] de gagner que de perdre. Ce qui fait que quand j'ai dû monter sur scène pour prendre l'Oscar, j'étais heureuse, mais je n'étais pas en-dehors de moi-même."
En 1998, Juliette Binoche évoquait déjà cette expérience au micro de L'Express, invoquant un différend artistique avec le cinéaste :
"Je connaissais Lucie Aubrac et pour moi il était impératif que la vérité lui soit rendue. Or je ne me sentais pas en phase avec le personnage subjectif vu par Claude Berri. Lui, ça ne le gênait pas ? Aujourd'hui, je remercie ces épreuves, elles m'ont rendue humble. La vraie humilité grandit, elle ne rabaisse pas."
(Re)découvrez la bande-annonce de "La Passion de Dodin Bouffant", actuellement au cinéma...