De quoi ça parle ? Depuis qu’il a perdu sa femme, Andrew Blake n’a plus le cœur à rien. Un ultime élan le pousse à quitter Londres pour retourner en France, dans la propriété où il l’avait rencontrée. Ce voyage vers le souvenir des jours heureux ne va pas du tout se passer comme prévu…Pour rester au domaine de Beauvillier, Blake se retrouve condamné à jouer les majordomes à l’essai.
Entre Mme Beauvillier, la maîtresse des lieux au comportement aussi étrange que ses relations, Odile, la cuisinière au caractère bien trempé, Philippe, l’intendant un peu frappé qui vit en ermite au fond du parc, et Manon, la jeune femme de ménage dont le destin bascule, Blake découvre des gens aussi perdus que lui. Face à eux, dans cet endroit à part, cet homme qui n’attendait plus rien de la vie va être obligé de tout recommencer…
Un auteur à succès derrière la caméra
Complètement cramé ! est le premier long-métrage en tant que réalisateur de Gilles Legardinier. Auteur à succès, on lui doit notamment Demain j'arrête !, J'ai encore menti, Le Premier Miracle, ou encore Complètement cramé !, qu'il porte ici à l'écran.
À l'origine, Legardinier n'avait pas pour projet de mettre en scène le film : "Plusieurs [réalisateurs] ont été envisagés. Tous m’allaient très bien, mais nous n’étions pas les seuls à décider, et après d’innombrables hésitations, c’est devenu un tel sac de nœuds qu’une fois encore, ce sont mes complices qui m’ont proposé de me glisser dans la fonction. Je remercie d’ailleurs Universal Pictures International France d’avoir définitivement mis le film sur orbite en me faisant confiance."
Adaptation
Le roman dont est tiré le film est paru en 2012 et a été vendu à 900 000 exemplaires. Gilles Legardinier précise que le long-métrage n'est pas une transposition du livre : "La littérature est un monde d’intériorité dans le quotidien des lecteurs. Le cinéma est un univers d’image et d’incarnation au service d’émotions que l’on va chercher en salle ou sur un écran pour une poignée de minutes. Mon film n’a pas pour objectif d’illustrer scrupuleusement mes mots, mais je souhaite qu’il amène les spectateurs au même état mental et affectif que mes lecteurs."
Dans la langue de Molière
Même si John Malkovich parle français et maîtrise cette langue, tourner dans Complètement cramé ! représentait un défi en raison des nombreux dialogues. L'acteur a travaillé avec la fille de Gilles Legardinier, répétitrice, pour peaufiner la diction et les nuances de prononciation, et ce tous les jours, même le week-end.
"Jouer l’intégralité du film en français est un des points du projet de Gilles qui m’a tenté. J’ai davantage joué en français pour son film que dans tout le reste de ma filmographie cumulé ! C’était un travail énorme, un grand challenge, mais également un plaisir. J’aime travailler. J’étais décidé à atteindre mon maximum dans cette langue. Si je ne le faisais pas sur ce film, alors je ne le ferais jamais", déclare l'acteur, qui a un attachement particulier pour notre pays. En effet, son ex-femme avait une ascendance française, puis sa femme et lui ont acheté une maison en Provence en 1993, qu'ils possèdent toujours.
Le château
Pour le domaine de Beauvillier, la production a fait de nombreux repérages et a étudié plus d’une centaine de châteaux, de tous les styles, dans toutes les régions. In extremis, l’avant-dernière adresse a été la bonne : il s'agissait du domaine du Bois Cornillé, en Bretagne, à Val-d’Izé, entre Vitré et Rennes.
"La première fois que nous sommes arrivés, en pénétrant dans la propriété par la longue route, j’ai vécu une sorte de travelling parfait sur le lieu idéal. Une construction assez massive mais avec beaucoup de charme, toits pointus, tourelles, murs de granit. En découvrant la somptueuse entrée avec son escalier de bois monumental, j’ai vu ce que j’avais toujours espéré. J’ai su que le tournage devait se dérouler là", se souvient le réalisateur. C'était la première fois que les propriétaires des lieux, Gilles et Pauline de Malartic, ouvraient leurs portes à un tournage.
Méphisto le chat
Si certaines scènes et personnages secondaires du livre ont dû être évincés du film pour l'adaptation, il était hors de question de se passer du chat Méphisto ! "Avec l’animalier, nous avons fait un casting, et très vite, Nouchka – une superbe chatte, un persan black golden shaded – s’est détachée. D’une réelle beauté, elle avait en plus un regard clair qui semblait se demander ce que nous faisions tous dans son monde, avec un poil de mépris", raconte le réalisateur.
Traitée comme une star, Nouchka n'en a fait qu'à sa tête sur le plateau : "une dizaine de personnes – équipe réduite oblige pour ne pas troubler la bête ! – attendaient dans un silence sépulcral que Madame veuille bien nous faire l’aumône d’un mouvement dans le bon axe."