De quoi ça parle ?
L'intrigue du Règne animal se déroule dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment des humains en animaux. Le personnage de François fait tout ce qu'il peut pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène, et embarque son fils de 16 ans dans une quête qui les changera à jamais.
Tournage en Nouvelle-Aquitaine
Le réalisateur Thomas Cailley a tourné la majorité du Règne animal dans le parc naturel régional des Landes de Gascogne. Pour y trouver ses décors, il a eu recours à des cartes anciennes, des blogs de passionnés d’arbres et des images satellites. Il se souvient : "Nous avons largement couvert la région avec mon frère David Cailley, le chef opérateur du film, jusqu’à trouver le décor idéal. Tout était là : la forêt primaire, la lagune, un arbre penché sur l’eau nécessaire à l’histoire..."
"Mais en plein milieu du tournage durant l’été 2022, tout a été détruit à cause des terribles incendies de Gironde. Le film a été mis à l’arrêt forcé, l’équipe est partie, je suis resté sur place sous une pluie de cendres pour chercher des décors de substitution afin de terminer le film. Il nous restait encore 5 semaines de travail... Intégralement en forêt."
Les possibilités du fantastique
Avec Le Règne animal, Thomas Cailley réalise son deuxième long métrage après le très remarqué Les Combattants (2014), qui commençait sur un ton réaliste et glissait progressivement vers le fantastique. Le cinéaste confie : "Ce trajet n’était pas programmé, je l’ai découvert en faisant le film. Mais les possibilités du fantastique m’ont enthousiasmé. En participant à un jury à la Fémis, j’ai lu un scénario écrit par Pauline Munier, dans lequel il était question d’hybridation entre l’Homme et l’Animal..."
"J’ai eu le sentiment que cette métaphore était au croisement de tous les sujets que j’avais envie d’aborder alors : la transmission, les mondes qu’on souhaite léguer, ceux dont on hérite, qu’on détruit, ou qu’il reste peut-être encore à inventer. Le Règne animal suit la relation entre un jeune homme de 16 ans et son père, à un moment où, un peu partout dans le monde, la 'part animale' de l’humain se réveille, comme un gène endormi, troublant la frontière invisible entre l’Humanité et la 'Nature'."
Le choix Romain Duris
Le metteur en scène Thomas Cailley explique avoir découvert une bonne partie du cinéma français avec Romain Duris : "Le Péril jeune et Gadjo dilo font partie des films français qui ont compté quand j’étais adolescent. C’est aussi un acteur passionnant, qui donne à ce rôle de père une incarnation très forte. Et toujours cette lumière, cet éclat et ce plaisir de jouer contagieux, inspirant."
"Sa capacité de travail et d’écoute est impressionnante, sa compréhension des enjeux, des émotions très instinctives. François est un personnage entier, il a quelque chose d’absolu, romanesque. C’est aussi un rôle physique. Des qualités qui sont aussi celles de Romain. François agit constamment, ne baisse jamais les bras. Romain lui a donné une vitesse, une précision, une physicalité très pure."
Transformation en homme-oiseau
Tom Mercier (vu récemment dans La Bête dans la jungle) incarne un homme-oiseau dont le stade de mutation est très avancé. Pour lui donner forme, Thomas Cailley et son équipe effets spéciaux ont dû mouler et scanner intégralement son corps, puis lui construire des prothèses d’ailes articulées. Le réalisateur ajoute : "Lui poser une peau neuve, pigmentée comme un oiseau, partiellement plumée. En plus des 6 heures quotidiennes de maquillage, Tom s’est astreint à un travail physique sur le saut, l’extension en se sculptant un corps de danseur vraiment impressionnant."
"Heureusement, j’ai aussi senti tôt sur le tournage qu’on renouait avec cet élément premier du travail d’acteur, quelque chose qui remonte à l’origine du plaisir de jouer, à l’enfance : se déguiser, jouer à être autre chose qu’humain, inventer son propre animal, courir, sauter, hurler, voler. Le tournage avait aussi cette dimension ludique et cathartique."
Références de prestige
Thomas Cailley a conçu ce film comme son précédent : à hauteur des personnages. Le ton et le genre s’adaptent à leur quête, qui est tour à tour physique, sensorielle ou existentielle. Le réalisateur explique : "Pour moi, la coexistence du drame et de la comédie, de l’action et de la contemplation, de l’intimité et du spectaculaire rendent le film plus inattendu et vivant. Ce mélange des genres est à la base de mon désir de cinéma."
"Si on parle de références, j’ai autant pensé à Un monde parfait de Clint Eastwood ou À bout de course de Sydney Lumet qu’à Thelma et Louise de Ridley Scott ou à The Host de Bong-Joon Ho. Ce sont des films poreux, construits autour de leurs personnages, qui privilégient l’émotion et dépassent les contraintes du genre (la cavale, le thriller) pour proposer un spectacle total."