Terence Davies, qui a signé des films tels que Distant Voices, The Deep Blue Sea, Emily Dickinson, A Quiet Passion ou encore Les Carnets de Siegfried n’est plus.
La nouvelle de sa disparition a été partagée sur sa page Instagram officielle (via Variety) : “C’est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès de Terence Davies, décédé paisiblement chez lui après une courte maladie, aujourd’hui le 7 octobre 2023.”
Le cinéaste était admiré pour ses films d’époque ainsi que pour sa première trilogie autobiographique sur son enfance à Liverpool. “Être dans le passé me permet de me sentir en sécurité parce que je comprends ce monde”, avait-t-il déclaré au Guardian en 2022.
Bien que ses films soient largement reconnus, ils n’ont pas récolté un grand nombre de récompenses, ce que le principal intéressé considérait plutôt de manière philosophique. “Cela aurait été bien d’être reconnu par Bafta. Encore une fois, il y a aussi une partie de moi qui pense : n’est-ce pas juste de la vanité ? Si un film vit à chaque fois qu’il est projeté, c’est là la vraie récompense. Je pense avoir atteint ce que je m’étais fixé.”
RETOUR SUR SA CARRIÈRE
Né à Liverpool et issu d’une famille nombreuse (dix enfants) de la classe ouvrière britannique, Terence Davies quitte l’école à seize ans et travaille pendant douze ans comme aide comptable, consacrant ses loisirs à écrire et à jouer pour le théâtre. C’est à la Coventry Drama School, où il s’inscrit en 1972, qu’il écrit Children (sorti en 1976), premier moyen métrage et volet d’une trilogie retraçant la vie de Robert Tucker. Entré à la National Television and Film School, il complète et achève avec Madonna and child en 1980 et Death and transfiguration en 1983, l’histoire de son alter-ego, comptable à Liverpool. Réunis en 1984 sous le titre The Terence Davies trilogy, ces films sont présentés et récompensés dans des festivals en Europe et aux États-Unis.
Ce n’est qu’avec son premier long métrage, Distant Voices (1988), que le réalisateur accède enfin à la reconnaissance internationale, le film emportant entre autres le Léopard d’or au Festival de Locarno et étant présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes où il reçoit le Prix de la critique internationale. Il signe ensuite The Long Day Closes (1992), son quatrième film autobiographique, qui est lui aussi présenté à Cannes mais cette fois en Compétition Officielle et est sacré meilleur film au Festival de Birmingham. Suivent La Bible de néon (de nouveau en Compétition Officielle au Festival de Cannes en 1995) et Chez les heureux du monde (2000), deux adaptations de romans, l’un de John Kennedy Toole, l’autre d’Edith Wharton.
Essentiellement connu pour son travail de cinéaste, Terence Davies joue également dans de nombreuses séries dans les années 70 et participe au documentaire Father and son de Colin Browne (1992). En 2008, il écrit et réalise son propre documentaire Of Time and the City, une ode à Liverpool qui est, comme la plupart de ses films, présenté au Festival de Cannes, mais Hors Compétition pour celui-ci. Mélangeant passé/présent et refusant le récit linéaire et la clarté narrative, Terence Davies met en avant l’idée d’un cinéma comme un art pratiqué avec de petits budgets et de modestes intentions.
En 2002, il prépare une cinquième œuvre, Sunset Song, adaptation du roman de Lewis Grassic Gibson, mais le projet est bloqué en 2005, les fonds nécessaires lui étant refusés malgré la présence de Kirsten Dunst dans le rôle principal. Le projet fait son retour sur le devant de la scène en 2012, sans que la comédienne n’y soit attachée. Entre-temps, Terence Davies tourne The Deep Blue Sea (2012), une histoire d’amour passionnée se déroulant dans les années 50 entre deux personnages incarnés par Rachel Weisz et la valeur montante du cinéma britannique Tom Hiddleston.
Terence Davies dirige ensuite Cynthia Nixon dans le biopic Emily Dickinson, A Quiet Passion qui sort en 2017. Son dernier film, Les Carnets de Siegfried, est présenté en octobre 2021 au BFI London Film Festival. Le projet, acclamé, vaudra à ses stars Jack Lowden et Peter Capaldi une nomination aux BAFTA Ecossais, ainsi qu’à son propre réalisateur-scénariste une nomination du meilleur scénario au British Independent Film Award. Le long métrage, encore inédit en France, devrait voir le jour sur nos écrans le 6 mars 2024.