Dans Bernadette, sorti au cinéma le 4 octobre, Catherine Deneuve se glisse dans le costume de l'épouse de l'ancien président Jacques Chirac. Ironie du sort, 40 ans plus tôt, la comédienne explorait déjà les coulisses du pouvoir dans Le Bon plaisir, long-métrage méconnu qui mérite que l'on s'y attarde.
Réalisé en 1983 par Francis Girod, l'oeuvre est emmenée par un très beau casting : Jean-Louis Trintignant, Michel Serrault, Catherine Deneuve, Michel Auclair et Hippolyte Girardot. Sorti en salles le 18 janvier 1984, Le Bon plaisir a été un succès, réunissant 1,2 million de spectateurs.
DE CHIRAC À MITTERRAND
Catherine Deneuve y incarne Claire Després, une jeune femme ayant eu une liaison avec un homme ambitieux devenu président de la République (Jean-Louis Trintignant). Claire se fait voler son sac à main dans lequel se trouvait une lettre qui laisse entendre qu'un enfant pourrait être né de cette liaison. Elle informe alors le président de l'incident.
Ce dernier, par l'intermédiaire du ministre de l'Intérieur (Michel Serrault), va tout mettre en œuvre pour retrouver la lettre et empêcher que l'existence de cet enfant illégitime soit révélée. Il va notamment mettre Claire sur écoute. De son côté, Pierre, le voleur (Hippolyte Girardot), travaille comme traducteur pour un journaliste et éditeur, à qui il parle de la lettre trouvée dans le sac volé. Le journaliste, intrigué par le contenu de cette missive, fait des recherches et identifie l'écriture du président.
Adapté du roman Le Bon Plaisir de Françoise Giroud, le film évoque, sans le nommer, le président François Mitterrand. Ce dernier a longtemps caché l'existence d'une fille illégitime, Mazarine Pingeot. Dans le long-métrage, le chef de l'Etat campé par Jean-Louis Trintignant serait inspiré de l'ancien président. Quant à Claire, campée par Catherine Deneuve, elle serait basée l'ancienne maîtresse de Mitterrand, Anne Pingeot, mère de Mazarine.
Étrange coïncidence, le roman Le Bon plaisir a été publié aux éditions Mazarine en 1983. Toutefois, l'écrivaine Françoise Giroud n'a jamais voulu confirmer ses inspirations. La biographie de l'auteur, écrite par Laure Adler en 2011, remet d'ailleurs en cause cette version ; cette dernière prétend que "ni la vie de François Mitterrand ni l'existence de Mazarine Pingeot n'ont inspiré cette histoire, qui relaterait plutôt une situation similaire vécue par un ministre du gouvernement de l'époque, restant inconnu à ce jour."
Révélée en 1994, l'existence de Mazarine, la fille cachée de François Mitterrand, a fait couler beaucoup d'encre au sein de la presse française. Même si le président avait tout mis en oeuvre pour dissimuler cet enfant, la rumeur courait déjà depuis longtemps ; il s'agissait au final d'un secret de polichinelle.
40 ans avant Bernadette, Catherine Deneuve se confrontait donc déjà aux coulisses de l'Elysée, incarnant un personnage essayant de sortir de l'ombre d'un homme avide de pouvoir.