Alors que la WGA, le syndicat des scénaristes américains qui protège leurs droits d'auteur, a enfin obtenu gain de cause auprès de l'AMPTP (l'Alliance des producteurs de cinéma et de télévision) en établissant un accord de principe encadrant notamment l'utilisation de l'intelligence artificielle, le débat autour de cette technologie se poursuit. Les acteurs, toujours en grève, réclament un encadrement précis de l'utilisation de l'IA.
Si le problème concerne les comédiens encore en vie, il touche également les acteurs disparus. Dans une story Instagram, Zelda Williams, la fille de Robin Williams, décédé en août 2014, dénonce cette technologie qu'elle trouve dérangeante à titre personnel mais qui pose également un problème d'éthique selon elle.
Elle écrit ainsi : "Je ne suis pas une voix impartiale dans la lutte de la SAG (Screen Actors Guild‐American) contre l'IA. Depuis des années, un grand nombre de personnes tentent de recréer des acteurs qui ne peuvent pas donner leur consentement, comme mon père. Ce n'est pas théorique, c'est très très réel.
Ils lui font dire ce que les gens veulent.
J'ai déjà entendu sa "voix" recréée par une Intelligence Artificielle, ils lui font dire ce que les gens veulent. Et bien que je trouve cela personnellement dérangeant, les ramifications vont bien au-delà de mes propres sentiments.
Les acteurs vivants méritent d'avoir la possibilité de créer des personnages avec leurs propres choix, de chanter des dessins animés, de mettre leurs efforts HUMAINS et leur temps dans la poursuite de la performance."
Outre le fait d'être bouleversée par le fait d'entendre la voix de son père décédé, la jeune femme dénonce la reproduction de la voix des acteurs par une IA. Les comédiens tentent de créer des choses, innovent, parviennent à donner de l'humanité à des héros d'animation, à l'instar de ce que Robin Williams a fait avec le génie d'Aladdin. Et ne pas leur laisser la possibilité de le faire serait, selon elle, contre-performant.
Zelda Williams ajoute : "Ces recréations sont, dans le meilleur des cas, un piètre fac-similé des personnes. Ils deviennent un horrible monstre de Frankenstein, bricolé à partir des pires éléments de tout ce que cette industrie est, au lieu de ce qu'elle devrait représenter".
Au mois de juin dernier, Walt Disney annonçait, à l'occasion des 100 ans du studio, un court métrage inédit intitulé Il était une fois un studio (diffusé sur Disney+ dès le 16 octobre), dans lequel les héros emblématiques apparaissent.
Le génie d'Aladdin y figure et est toujours doublé par Robin Williams, mais il ne s'agit ici pas d'une IA ayant recréé la voix du comédien. En accord avec ses ayants droit, le studio a utilisé des enregistrements d'archives audio inédits.
Ce qui montre une nouvelle fois l'importance d'un encadrement précis de l'utilisation de l'IA.
Bande-annonce de "Il était une fois un studio"