Le retour en salle d’un maître du genre
En 2013, le réalisateur Pascal Plisson créait l’unanimité avec Sur le Chemin de l’école, récompensé la même année du César du meilleur documentaire. Il y suivait les parcours atypiques de quatre enfants venant d’endroits du monde très différents, pour rejoindre leur école. Véritable succès au box-office, attirant plus d’un million de curieux en salle, Sur le Chemin de l’école se démarquait par la beauté de ses images, son sujet humain et social et, surtout, par le ton optimiste et parfois même léger donné à la dureté de son récit.
Onze ans et deux films plus tard (Le Grand Jour et Gogo), Pascal Plisson est de retour ce 27 septembre avec un nouveau long-métrage documentaire, prêt à marquer encore une fois les esprits : We Have a Dream. De retour à son sujet de prédilection, le réalisateur s’entoure une nouvelle fois d’un casting juvénile : Maud (14 ans), Xavier (14 ans également), Nirmala et Khendo (13 ans), Charles (11 ans) et Antonio (8 ans). Outre leur jeune âge, une autre particularité rassemble ces six enfants : tous sont atteints d’un handicap, physique ou mental, parfois de naissance.
Mais en lieu et place des larmes qu’il pourrait s’attendre à verser devant ces destins apparemment brisés, le spectateur doit se préparer à sourire, voire rire, et espérer. Le postulat de Pascal Plisson ? Ne jamais s'apitoyer sur le sort de ses “acteurs” en montrant les possibilités nouvelles qui s’offrent à eux, mais aussi leurs rêves. Devenir danseuse, athlète, médecin… Des ambitions que la différence ne saurait arrêter !
Mais comment le réalisateur est-il parvenu à cette idée ?
“Je ne voulais surtout pas d’un film tire-larmes, je voulais au contraire qu’il donne de l’espoir.”
Souvenez-vous des protagonistes de Sur le Chemin de l’école. Parmi eux, Samuel, un jeune Indien privé de l’usage de ses bras et de ses jambes, devait être emmené en fauteuil roulant à l’école par ses deux frères, chaque jour. Marqué à jamais par sa rencontre avec cet enfant à la détermination hors du commun, Pascal Plisson comprit qu’il devait consacrer au sujet du handicap un film complet.
“J’ai voulu saisir cette énergie qui permet aux enfants en situation de handicap de surmonter leurs difficultés et de réussir à se construire une vie, raconte le réalisateur. Le handicap est un sujet compliqué, il existe mille façons d’en parler. Que raconter ? Comment ? Que montrer ? Je ne voulais surtout pas d’un film tire-larmes, je voulais au contraire qu’il donne de l’espoir.”
C’est donc inspiré par l’énergie de Samuel que Pascal Plisson a étudié les nombreux portraits d’enfants présents sur le site de Handicap International. Touché par les parcours hors du commun de ses six protagonistes, le réalisateur est parti à leur rencontre afin de capter au mieux leur histoire et la force qui les anime. Mais difficile de tourner avec des enfants, qui ne sont pas toujours habitués aux caméras.
“Pour la plupart, le cinéma, c’est très abstrait ; les gens ne savent pas forcément ce que cela représente. Mais, pour avoir passé une bonne partie de ma vie au bout du monde, je sais comment les approcher. Assez vite, comme pour mes documentaires précédents, je suis rentré dans leur intimité. Je deviens un peu l’ami de la famille.”
“Par exemple, cela a pris plusieurs mois et de nombreuses discussions entre les parents de Maud et moi pour qu’ils acceptent l’idée que leurs filles participent à ce projet de film. Maud ayant été toujours élevée dans la normalité, ce projet allait à l’encontre de leur philosophie d’éducation.”
Compte tenu de leur handicap, certains enfants, comme Charles ou Antonio, se montraient plus réservés. Il fallut donc à Pascal Plisson s’armer de patience et adopter les bons mots, les bons gestes, pour parvenir à les convaincre et entrer dans leur intimité quotidienne. Un temps d’acceptation et de pédagogie nécessaire, mais aussi bénéfique : les six enfants ont finalement accepté de participer à l’expérience et sont, encore aujourd’hui, suivis par l’équipe du film.
“[...] On les accompagne longtemps dans leur vie de tous les jours. [...] Je les suis tous au téléphone. J’ai maintenant une douzaine d’enfants, plus les deux miens !“
Découvrez les destins inspirants de cette grande famille dans We Have a Dream, au cinéma.