Un conte touchant et humaniste
Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne.
Le froid, la faim, la misère, et partout autour d'eux la guerre, leur rendaient la vie bien difficile.
Un jour, la pauvre bûcheronne recueille un bébé alors jeté d’un des nombreux trains qui traversent sans cesse leur bois.
Protégée quoi qu’il en coûte, cette petite marchandise va bouleverser la vie de cette femme, de son mari , et de tous ceux qui vont croiser son destin, jusqu’à l’homme qui l’a jeté du train. Leur histoire va révéler le pire comme le meilleur du cœur des hommes.
Pour La Plus précieuse des marchandises, son nouveau long-métrage, Michel Hazanavicius – déjà connu pour The Artist et Coupez ! – s’est plongé dans l’univers du dessin. Chaque personnage a vu le jour sous son crayon avant d’être animé par son équipe. Une démarche atypique qui reflète l’intimité du projet, d’autant plus que l’histoire du film se mêle à celle, plus personnelle, du réalisateur.
Un projet profondément personnel
Au-delà de son investissement visuel, le réalisateur confie que cette œuvre touche à des aspects intimes de sa vie : son rapport au dessin et son amitié de longue date avec Jean-Claude Grumberg, l’auteur du conte original, qui a notamment permis d’adapter cette histoire avec légitimité.
L’esthétique des personnages porte par ailleurs une empreinte nostalgique. Michel Hazanavicius mentionne Gus Bofa, dessinateur du début du XXe siècle, comme une de ses inspirations principales : ses figures à la fois fragiles et hallucinées reflètent les traumatismes vécus par les personnages, notamment ceux des camps, un choix stylistique qui amplifie le propos du film.
Si le film prend racine dans le contexte tragique de la Seconde Guerre mondiale, Michel Hazanavicius réfute un quelconque “devoir de mémoire”, sujet sur lequel il s’est notamment mis d’accord avec Jean-Claude Grumberg, considérant que ce n’était pas leur rôle.
Une distance nécessaire
“La Plus précieuse des marchandises n’est pas une histoire sur l’horreur, ou sur les camps, ça transcende cela, explique Michel Hazanavicius. C’est un mouvement des ténèbres vers la lumière, c’est une histoire lumineuse, qui révèle ce que l’homme - et en premier lieu la femme - a de meilleur. C’est une pulsion de vie, et si le film appelle à se souvenir de quelque chose ou de quelqu’un, c’est des Justes. Ces hommes et ces femmes qui ont sauvé des vies au péril de la leur. C’est eux que le film célèbre.”
Le format d’animation, éloigné du réalisme brutal, favorise la suggestion, permettant au spectateur de s’immerger dans une œuvre à la fois émouvante et réfléchie tout en gardant une distance nécessaire dans l’animation. En effet, le réalisateur explique que les survivants de camps disparaissent et avec eux, cet aspect “documentaire” des films abordant cette période. La fiction s’empare de ce sujet et la manière de le représenter au cinéma change.
Le film aborde la Shoah non pas comme un sujet brut, mais comme une toile de fond sur laquelle s’écrit une histoire d’humanité. Situé en Pologne pendant les déportations, La Plus précieuse des marchandises s’inscrit dans une période où l’antisémitisme et la barbarie déchiraient l’Europe. Les trains, omniprésents dans l’imaginaire de cette époque, deviennent alors un personnage central.
Michel Hazanavicius prend le parti pris de moins montrer pour mieux suggérer et réserve ainsi une place bien plus valorisante au spectateur, auquel il offre un rôle actif en faisant appel à son imagination sans pour autant l’accabler de la brutalité des faits.
Vibrant hommage à l’amour et à la résilience, La Plus précieuse des marchandises est à découvrir en salle dès maintenant,