Conseillé à partir de 6 ans
Il était une fois - Non, ce n’est pas Linda qui a pris la bague de sa mère Paulette ! Cette punition est parfaitement injuste ! Et maintenant Paulette ferait tout pour se faire pardonner, même un poulet aux poivrons, elle qui ne sait pas cuisiner. Mais comment trouver un poulet un jour de grève générale ?
De poulailler en camion de pastèques, de flicaille zélée en routier allergique, de mémé en inondation, Paulette et sa fille partiront en quête du poulet, entraînant toute la "bande à Linda" et finalement tout le quartier. Mais Linda ne sait pas que ce poulet, jadis si bien cuisiné par son père, est la clef de son souvenir perdu. Au fait, quelqu’un sait tuer un poulet ?
Ce qu'ils vont adorer - Linda, déjà. Une jeune héroïne dotée d'un fort caractère, têtue comme peuvent l'être les enfants de son âge, et à laquelle il est bien difficile de ne pas s'attacher. Dès le générique d'ouverture, qui contient la clé du récit. Lorsqu'elle est injustement punie par sa mère. Ou dans ses tentatives d'obtenir, enfin, ce plat dont elle rêve et qui donne son titre au film.
Difficile, ensuite, de ne pas succomber au style visuel. Comme dans La Jeune fille sans mains, son précédent long métrage (réalisé sans Chiara Malta, sa complice ici), Sébastien Laudenbach allie la simplicité à l'expérimentation. Et chaque personnage possède sa propre couleur (et par extension sa personnalité et sa voix).
Linda est ainsi jaune, sa couleur préférée. Et l'ensemble ressemble par moments à un arc en ciel, qui peut se révéler bien pratique pour travailler la mémoire des enfants : s'ils ne se souviennent pas du nom d'un personnage, peut-être sa teinte lui reviendra plus facilement en tête.
Ce qui peut les inquiéter - La mémoire est justement l'un des thèmes forts de Linda veut du poulet ! dont le titre, amusant, tranche avec le cœur émotionnel du récit. Oui, il y a beaucoup d'humour et même un peu d'action. Mais ce plat que réclame la jeune héroïne, c'est celui que lui faisait son père avant son décès, survenu alors qu'elle était encore bébé et pense n'avoir aucun souvenir de lui.
Même abordée avec tact dans des films d'animation, comme ici dans son générique d'ouverture, la mort peut souvent être source d'angoisse pour les plus jeunes (merci Bambi et Le Roi Lion). Mais ce sera une bonne occasion d'aborder le sujet avec eux, et d'en parler plus largement pour évoquer ces défunts qu'ils ont très peu connu et dont ils ne se souviennent pas. Ou très peu.
Il est aussi question de grève générale et de manifestation. Et certains enfants pourront être angoissés par la relation entre Linda et sa mère au début du récit. Ou la manière dont la jeune héroïne est injustement punie, et traitée de voleuse et menteuse, pour avoir soi-disant pris une bague. Mais la seconde partie, plus légère en apparence, les aidera à surmonter ces passages.
Ce qu'ils vont garder au fond d'eux - La faim peut-être. Car même s'il n'est pas très long, du haut de ses 76 minutes, il y est beaucoup question de cuisiner. Donc faites bien attention au moment où vous le verrez, sous peine d'entendre des estomacs gargouiller.
Riche en couleurs à plus d'un titre, Linda veut du poulet ! leur offre un feu d'artifice visuel et une aventure drôle et enlevée (nul doute que le policier doublé par Esteban déclenchera quelques éclats de rire). Et ce récit sur les blessures d'enfance que l'on pense enfouies pourra aider à mettre des mots sur des sujets difficiles à aborder avec eux.
Au-delà de ses qualités plastiques et narratives, c'est peut-être aussi pour cette raison que le long métrage a remporté le Cristal, prix le plus important du dernier Festival d'Annecy, au mois de juin.