Le 49ème Festival de Deauville bat son plein. Sans les stars annoncées, restées chez eux par solidarité avec la grève des acteurs et scénaristes qui dure depuis quelques mois à Hollywood. Mais avec des films de qualité pour ouvrir le bal, à l'image du flamboyant Jeu de la reine et du bouleversant Past Lives, premier candidat de la Compétition.
Une course au Grand Prix qui s'est poursuivie ce dimanche 3 septembre, avec deux nouveaux films : l'étrange The Sweet East et le thriller Blood for Dust. Tandis que Luc Besson avait présenté son nouveau long métrage, DogMan, la veille au soir.
DOGMAN
Première - Luc Besson est de retour au cinéma, quatre ans après la sortie d'Anna et des accusations de viol et agression sexuelle à son encontre, qui ont abouti à un non-lieu, confirmé par la cour de cassation en juin 2023. Passé par le Festival de Venise, où il concourt en Compétition, ce nouveau long métrage n'a rien à voir avec le film homonyme de Matteo Garrone.
Il y est question d'un jeune homme, meurtri par la vie depuis son enfance, qui trouve son salut grâce à l'amour que lui portent ses chiens. Tourné en langue anglaise et attendu dans les salles françaises le 27 septembre prochain, DogMan est porté par Caleb Landry Jones, lauréat d'un Prix d'Interprétation à Cannes en 2021, pour son rôle intense dans le dérangeant Nitram.
THE SWEET EAST
Compétition - Les films se suivent mais ne se ressemblent pas du tout au Festival de Deauville. Et c'est aussi ce qui fait son charme. Après une bouleversante histoire d'amour contrarié et un thriller en apesanteur, c'est une bizarrerie qui a été offerte aux spectateurs. Douze ans après Eyes Find Eyes, Sean Prince Williams nous véhicule à travers les États-Unis dans The Sweet East.
En préambule de la projection, le cinéaste a précisé que son nouveau film racontait l'Amérique d'aujourd'hui. Ce qui en dit à la fois beaucoup sur cette variation moderne autour de l'histoire d'Alice au pays des merveilles teintée d'une once de fantastique. Et pas assez sur ce qui attend le spectateur.
Actuellement sans date de sortie en France, The Sweet East fait partie de ces films dont il vaut mieux en savoir le moins possible, pour mieux se laisser surprendre comme l'héroïne. Mais imaginez juste si Alice, en lieu et place d'un lapin blanc et du chapelier fou, croisait… des nazis et des complotistes. Entre autres.
L'ombre écrasante de David Lynch plane sur le récit, et les quelques tics ostensibles de Sean Prince Williams peuvent créer des difficultés à rentrer dans le film, qui fonctionne par segments. Mais c'est en assumant de plus en plus sa folie, en écho à celle de son pays, qu'il convainc. Bien aidée par sa révélation Talia Ryder, vue dans l'excellent Never Rarely Sometimes Always.
BLOOD FOR DUST
Compétition - Comme un air de Westeros sur les planches de Deauville. Emilia Clarke a fait le déplacement pour recevoir un prix Nouvel Hollywood (et présenter The Pod Generation). Peter Dinklage sera honoré, malgré son absence, en marge de l'avant-première de She Came to Me. Et Kit Harington s'illustre en Compétition. Avec violence.
Un thème qui parcourt l'œuvre du réalisateur Rod Blackhurst. Révélé grâce au documentaire sur Amanda Knox, qu'il a co-signé pour Netflix, il renoue avec la fiction mais reste dans un certain réalisme. Car Blood for Dust pourrait être inspiré d'une histoire vraie que cela ne nous étonnerait pas.
Vendeur endetté, Cliff s'engage sur une pente savonneuse lorsqu'il retrouve Ricky, vieille connaissance aux méthodes douteuses, qui l'entraîne dans une affaire risquée. Et d'une noirceur à couper au couteau. Pouvait-il en être autrement dans un film qui débute par un suicide et une gerbe de sang qui vient souiller une photo de famille ?
Les amateurs de polars aux allures de néo-western situés dans l'Amérique profonde, où la violence naît souvent du désespoir, ne seront pas perdus face à Blood for Dust. Mais ils seront peut-être trop en terrain connu, car le long métrage peine à renouveler le genre. Malgré une mise en scène propre et un casting solide.
Scoot McNairy excelle de nouveau dans la peau d'un homme ordinaire plongé dans une situation extraordinaire. Et il se révèle plus convaincant que Kit Harington dans son rôle de truand. Mais on peut voir, dans ce rôle, une envie de casser l'image acquise avec Jon Snow et Game of Thrones, et l'intention est plus que louable.