Pour son premier (et seul) film en tant que réalisateur, Gary Oldman pose sa caméra dans un quartier ouvrier du sud de Londres et dresse le portrait particulièrement sombre d'une famille modeste qui n'est pas vraiment à cheval sur le vocabulaire.
Mis en scène en 1997, Ne pas avaler a marqué son époque par la rudesse de son propos et la dimension socialement dramatique de son récit. Le film est notamment connu pour être un des plus grossiers de tous les temps avec 428 "fuck" prononcés.
Ne pas avaler nous présente Ray (Ray Winstone), Val (Kathy Burke), Janet, la grand-mère et la petite fille. Les petits boulots, les combines et la taule. Les copains, les bars, l'alcool et la drogue. Un univers d'hommes où seules les femmes tiennent le coup. La famille de Raymond, sa femme Val et son beau-frère Billy vivent dans un quartier ouvrier de Londres.
Billy est drogué et Raymond l'expulse de chez lui, le contraignant à vivre dehors, espérant l'aide de sa mère Janet et de sa grand-mère Kath. Raymond, père d'une petite fille, est la plupart du temps ivre et devient parfois violent, y compris avec sa femme enceinte.
À l'occasion de son 25ème anniversaire, Ne pas avaler a donc été restauré en 4K à partir du négatif Super 16 mm et de la piste son 35 mm, prêtés par Sony Pictures Classics. L'oeuvre est proposée dans un un nouveau format 1,66:1. L'étalonnage a été effectué à partir d'un tirage récent et approuvé par Gary Oldman en personne.
En réalisant ce long-métrage, le comédien se livre comme jamais, dressant le portrait sans concessions de sa propre famille. Originaire de la banlieue sud de Londres, Gary Oldman se met à nue pour sa seule et unique réalisation à ce jour.
Le cinéaste nous décrit "une lente descente aux enfers de la famille, déchirée par l'alcool, la drogue et la violence de Ray, le pater familias, réplique du sien à qui le film est dédié, et incarné par Ray Winstone, inoubliable dans Scum, dont la représentation de la violence fait écho ici", explique Eva Markovits, chargée de programmation à la Cinémathèque française et au Centre Pompidou.
"La caméra, souvent portée à l'épaule, nerveuse et à l'affût, restitue cette tranche de vie comme dans un documentaire. Monologues graveleux, shoots d'héroïne, striptease, rares moments de tendresse, tout est filmé de la même manière, sans concession, dans un décor sombre que le soleil ne vient jamais illuminer", analyse Eva Markovits.
Par ailleurs, Ne pas avaler est aussi marquant pour sa bande-originale entêtante signée Eric Clapton, mythique guitariste et musicien britannique. Sélectionné en Compétition au Festival de Cannes en 1997, Ne pas avaler obtient le Prix d'interprétation féminine pour Kathy Burke, qui interprète Valerie, la femme de Ray.
"L'oeuvre est considérée comme un classique du cinéma anglais, dans la droite lignée des plus grands maîtres du réalisme social (Stephen Frears, Mike Leigh, Ken Loach)", assure Eva Eva Markovits. À noter que le long-métrage est co-produit par Luc Besson, qui avait dirigé Gary Oldman dans Leon en 1994.