Après une bagarre et un violent coup porté à la tête, Alex devient paraplégique. Sa vie se résume désormais aux quatre murs de sa chambre d'hôpital. Privé de toute autonomie, il est surveillé, nourri et lavé par les aides-soignants. L'arrivée de Maria, une nouvelle employée, va changer les choses, mais aussi les compliquer.
À l'abri des regards, une liaison interdite s'établit entre le patient et la jeune femme, qui va peu à peu répondre à ses besoins sexuels au risque de tout perdre. Réalisé par l'Allemande Claudia Rorarius, Touched aborde un sujet tabou et donc rare au cinéma : la vie intime des personnes en situation de handicap.
Présenté dans la section Cinéastes du présent au Festival de Locarno, le film s'empare brillamment de son thème périlleux, évitant l'écueil du voyeurisme grossier pour montrer une réalité sans phare et sans misérabilisme.
La cinéaste pose son regard sur la rencontre de deux corps que tout oppose : celui d'Alex, fragile et impuissant; celui de Maria, fort et imposant. Le film, peu bavard, se construit autour de leurs nombreuses étreintes qui deviennent un langage à part entière. Les deux acteurs, Isold Halldórudóttir et Stavros Zafeiris, force le respect pour leur dévouement total, aussi bien physique que psychologique.
Touched n'est pas pour autant une histoire d'amour. Claudia Rorarius met en image un lien complexe fait de zones grises. Dès sa deuxième partie, le long métrage glisse vers un ton plus grave, explorant ainsi l'emprise, le rapport de force et l'abus.
Au-delà de son sujet important, qui n'en fait pas un énième drame social, Touched est avant tout un vrai film de cinéma. Le parti pris esthétique est fort : le format de l'image est en 1:1 - carré donc -, les plans sont parfois cliniques et symétriques et la réalisatrice opte pour une abondance de couleurs pastels, comme pour contrebalancer une histoire sombre dont on ressort forcément troublé.
Touched, prochainement au cinéma.