“Est-ce qu’un jour je serai normal ?” Françoise est comme tous les adolescents. Elle veut plaire, se pose des questions sur elle-même et attend que sa vie morne prenne un sens. Pensionnaire dans une école catholique, elle s’en remet toujours à son pendule. Ce rituel lui permet d’y voir plus clair, elle qui se sent si perdue.
Une nuit, elle rêve de sa mort prochaine. Vision prémonitoire ou simple cauchemar ? Pour son dernier jour à vivre, elle décide, accompagnée de son amie Delphine, de faire le mur et de se rendre à une fête costumée dans une maison isolée.
C’est ainsi que commence La Morsure de Romain de Saint-Blanquat, présenté dans la section Cinéastes du présent au Festival de Locarno. Pour son premier long métrage, ce jeune réalisateur impose une vraie identité. L’action se déroule à la campagne, à la fin des années soixante, et tout est lugubre. L’orage, la forêt, le pensionnat et ses bonnes sœurs inquiétantes… En quelques minutes seulement, le spectateur est déjà dans l’ambiance.
On ne sait jamais où va le film et c’est bien sa qualité. Le metteur en scène s’amuse à brouiller les pistes. Il oscille entre le récit initiatique, le drame et, comme le prédit le titre, le fantastique. Il évoque également, à quelques reprises, Mais ne nous délivrez pas du mal de Joël Séria, avant de choisir son propre chemin.
Grâce à de belles séquences oniriques - dans une forêt, par exemple, où les arbres semblent plus vivants que jamais -, Romain de Saint-Blanquat se démarque. Il peut compter sur le talent de ses deux actrices principales, Léonie Dahan-Lamort et Lilith Grasmug, pour porter ce film fait pour ceux qui cultivent un goût pour l’étrange et la singularité.
La Morsure, prochainement au cinéma.