Réalisé par Sidney Lumet et sorti en France le 4 septembre 1957, 12 hommes en colère est avec une moyenne de 4,567 étoiles sur cinq le meilleur film de la décennie 1950-1959 selon les spectateurs d'AlloCiné.
L'histoire ? Un jury populaire composé de douze hommes doit délibérer sur le sort d'un jeune homme âgé de 18 ans, accusé de parricide. En fonction du verdict des jurés, l'accusé peut être soit condamné à mort, soit acquitté sur la base du principe du doute raisonnable. Espérant expédier les délibérations, onze d'entre eux le déclarent coupable. Un seul juré, le n°8, exprime justement un doute raisonnable sur la culpabilité du jeune homme, et va tout faire pour lui éviter la peine capitale...
Pièce de théâtre écrite par Reginald Rose, celle-ci fut adaptée à de très nombreuses reprises dans le monde entier. Trois ans avant le chef-d'oeuvre de Lumet, 12 hommes en colère déboulait déjà sur les écrans TV des foyers américains grâce à la chaîne CBS le 20 septembre 1954. La pièce a aussi été adaptée sur petit et grand écran en Allemagne de l'Ouest, en Espagne, en Inde, en Chine, au Liban, en Russie... Classique et chef-d'oeuvre absolu, le film de Lumet est considéré à juste titre comme le mètre étalon du film de procès.
Produit par Henry Fonda - qui fut à l'initiative de ce projet - et tourné entièrement à New York en un temps record (21 jours à peine), c'est le premier long métrage de Lumet, réalisateur appartenant à l'école du direct et qui n'avait officié jusqu'alors qu'à la télévision américaine.
Il livre ici un modèle de rigueur dans sa mise en scène, où les acteurs comme les spectateurs sont confinés jusqu'à l'étouffement, dans une pièce de 5m sur 7. "L'un des éléments dramatiques les plus importants à mes yeux était la sensation d'enfermement que devaient ressentir ces hommes coincés dans cette pièce", expliquait d'ailleurs le cinéaste dans son essai Faire un film (paru en français aux Editions Capricci).
Puissant plaidoyer contre la peine de mort et le racisme, examen critique du fonctionnement de l’appareil judiciaire américain, le film est aussi nourri par les échanges tendus à craquer auxquels se livrent d'extraordinaires acteurs. Henry Fonda bien sûr, sous les traits du Juré n°8. Mais aussi épaulé par Lee J. Cobb, Ed Begley, Jack Warden ou Martin Balsam.
En 2007, le film fut sélectionné par le National Film Registry pour préservation à la bibliothèque du Congrès, en raison de son intérêt "culturel, historique ou esthétique" important. Il est également sélectionné par l'American Film Institute dans son Top 10 des Films de procès, comme le deuxième meilleur film de cette catégorie, juste derrière un autre chef-d'oeuvre, Du Silence et des ombres.
Un classement pointu et cinéphile
Le reste du classement selon vos notes est éclectique. L'occasion aussi de mesurer que le cinéma japonais se taille la part du lion dans cette décennie des plus grands films de la période 1950 - 1959. Sur la seconde marche du podium se trouve un chef-d'oeuvre du cinéma japonais réalisé par Kenji Mizoguchi, L'intendant Sancho.
Ce film, vénéré par Martin Scorsese d'ailleurs, récolte une moyenne de 4,401 sur 5. La médaille de bronze revient à l'extraordinaire Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick; peut-être le plus grand film jamais réalisé sur la guerre de 14-18. Il récolte une moyenne de 4,382 sur 5. Alfred Hitchcock s'installe en 4e position avec Fenêtre sur cour, et sa moyenne de 4,362 sur 5. Enfin, Akira Kurosawa ferme la marche de ce top 5 avec Vivre, et sa moyenne de 4,355 sur 5. Vous pouvez retrouver le reste du (très long !) classement ici.