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    Mission Impossible 4 : quand Tom Cruise nous collait le vertige
    Maximilien Pierrette
    Les collaborations de Tom Cruise avec les plus grands, son image qu’il façonne de film en film, les Mission Impossible… Une carrière fascinante qu’il suit depuis longtemps.

    J-3 avant "Mission : Impossible 7" ! Pour patienter jusqu'à la sortie, retour sur les précédents épisodes. Et place aujourd'hui au quatrième, celui dans lequel Tom Cruise tente de renouer avec les sommets. Dans tous les sens du terme.

    La sortie de "Mission : Impossible - Dead Reckoning Partie 1" approche à grands pas. Enfin, après de nombreux reports dû au COVID. Pour patienter jusqu'au retour d'Ethan Hunt au cinéma, nous vous proposons de revenir sur les opus précédents, du style de la mise en scène aux thèmes, en passant par les moments marquants.

    Une session de piqûres de rappel qui continue avec le quatrième épisode, signé Brad Bird, où Tom Cruise fait un retour en force avec une cascade vertigineuse - ATTENTION SPOILERS !!!

    Cette mission, Tom Cruise a failli ne jamais pouvoir l'accepter. Pas pour une question de volonté mais parce que la Paramount avait rompu le contrat d'exclusivité qui les liait en août 2006, sans doute pour faire payer à la star les résultats decevants de Mission : Impossible III au box-office et la promotion qu'elle avait vampirisée en parlant davantage de sa vie privée que du long métrage de J.J. Abrams.

    Bien que producteur, l'acteur perd alors les droits de la saga dont Brad Pitt aurait pu être le nouveau héros selon une rumeur. Mais les choses ne bougent pas jusqu'au mois de mai 2008, où l'hypothèse d'une réconciliation commence à circuler. Elle se concrétise en deux temps : un an plus tard, puis fin mars 2010, lorsqu'un réalisateur est choisi.

    Mission : Impossible - Protocole fantôme
    Mission : Impossible - Protocole fantôme
    Sortie : 14 décembre 2011 | 2h 13min
    De Brad Bird
    Avec Tom Cruise, Jeremy Renner, Simon Pegg
    Presse
    3,9
    Spectateurs
    3,8
    Streaming

    Exit J.J. Abrams, qui reste néanmoins présent à la production, et place à Brad Bird. Pour un baptême du feu, puisqu'il s'agissait du premier long métrage en prises de vues réelles de ce transfuge de Pixar. Venu d'un univers, l'animation, où rien ne semble impossible, le réalisateur va appliquer au long métrage le même principe que pour ses Indestructibles.

    Avec une petite inversion à la clé : au lieu de traiter son histoire de super-héros comme de l'espionnage, ce sont ses espions qui deviennent des super-héros. Surtout un. Car c'est avec Protocole Fantôme qu'est instauré pour de bon ce qui apparaît aujourd'hui comme l'une des marques de fabrique de la franchise, à savoir ces moments où Tom Cruise trompe la mort, seul et sans recours à des trucages numériques.

    Quand t'es dans le désert Paramount Pictures France
    Quand t'es dans le désert

    C'est donc aux 828 mètres du Burj Khalifa de Dubaï, plus haute tour du monde, qu'il s'attaque pour littéralement permettre à Ethan Hunt de renouer avec les sommets. En apprenant que Protocole Fantôme serait le premier film hollywoodien à se tourner aux Émirats Arabes Unis, l'hypothèse de voir Tom Cruise escalader le bâtiment revenait comme une blague dans la presse.

    Jusqu'à ces photos de tournage, vertigineuses, de la star harnachée à plusieurs centaines de mètres de hauteur. Un véritable exploit qui repousse les limites de l'impossible et occupera le coeur de la promotion. Plus que le retour de Simon Pegg au casting ou l'arrivée de Jeremy Renner, dont le studio voulait, à l'époque, faire le nouveau héros de la saga en remplacement de la star actuelle, jugée vieillissante.

    Une idée qui fait encore sourire aujourd'hui. Car l'acteur nommé aux Oscars pour Démineurs n'a jamais réussi à se mettre au niveau de Tom Cruise. Et c'est peut-être pour cette raison que son personnage de William Brandt, présenté de façon intéressante, est ensuite passé au second plan avant de marquer Fallout puis Dead Reckoning par son absence sans que cela ne gêne le récit.

    Mais nous y reviendrons plus tard et il constituait alors l'une des attractions de Protocole Fantôme. Un film qui, comme son prédécesseur, emmène Ethan et son équipe tout autour du monde, du Kremlin de Moscou à Mumbai, en passant par Dubaï. Autant de lieux dans lesquels Brad Bird fait parler sa virtuosité pour nous concocter une aventure trépidante et aux accents cartoonesques, dans son humour comme ses situations.

    "Ce n'est pas comme si chaque mission allait être plus dure que la précédente, si ?"

    Entre l'évasion inaugurale dans la prison russe, le matelas gonflable d'Hanaway (Josh Holloway) qui se déploie instantanemént, l'infiltration du Kremlin grâce à un écran qui projette ce que voit le garde, le final dans le parking mobile ou encore la fameuse escalade du Burj Khalifa, dont Sabine Moreau (Léa Seydoux) chute tel le Coyote des Looney Tunes après un combat acharné avec Jane Carter (Paula Patton), Brad Bird nous donne plus d'une fois l'impression d'assister à long métrage d'animation emmené par des personnages de chair et d'os.

    Un parti-pris qui s'accorde avec l'évolution physique du personnage d'Ethan Hunt, pour qui le mot "impossible" ne semble plus vouloir rien dire, quitte à ce que cela soit accueilli avec perplexité et/ou le sourire par ses partenaires, parfaits relais du spectateur.

    Conservant la notion d'équipe réinstaurée par J.J. Abrams après le solo de Mission : Impossible II, Protocole Fantôme installe beaucoup de tendresse et de bienveillance entre les membres réunis par Hunt, à tel point que le petit groupe nous rappelle la famille Parr des Indestructibles, les super pouvoirs en moins.

    Brad Bird s'empare ainsi de la formule mise en place par son prédécesseur et de quelques codes de la saga, les masques en tête, mais réhausse son côté spectaculaire de plusieurs crans en multipliant les morceaux de bravoure. Avec un recours le plus limité possible aux effets numériques, ce qui a permis au film de bien veillir et de conserver sa fraîcheur au fil des visionnages, là où celui de John Woo a plus vite été daté à trop vouloir s'ancrer dans son époque post-Matrix.

    Comme dans l'opus sorti en 2000, Ethan Hunt redevient un super-héros et s'adonne de nouveau aux joies de l'escalade. Mais Mission : Impossible - Protocole Fantôme ne néglige pas son côté humain et nous implique ainsi plus dans le récit, ou le désir de Jane de venger la mort d'Hanaway survenue dans la scène d'ouverture.

    À l'exception de Benji, en charge du côté "comédie" malgré son évolution et son importance dans le final, chaque membre de l'équipe cache blessures et secrets. Surtout Brandt, analyste de la CIA aux aptitudes de combat un peu trop poussées, et dont le passé contribue à faire du héros un personnage tragique.

    A GHOST (PROTOCOL) STORY

    Il est en effet lié à son épouse Julia (Michelle Monaghan), dont on nous annonce la mort avant de révéler qu'elle est toujours en vie, cachée, et que son époux a dû renoncer à la voir pour mieux la protéger et éviter qu'elle ne soit prise pour cible.

    Ethan perd ainsi l'un des rares liens le rattachant au monde réel, alors qu'il ne peut plus vraiment compter sur l'IMF, dont les agents sont désavoués suite à l'attentat au Kremlin qui lance définitivement le récit. La mission se déroule donc hors des sentiers battus, et on se demande s'il ne faut pas y voir un lien avec le fait que, malgré leur réconciliation, Tom Cruise et la Paramount continuent de faire vivre la saga mais ne travaillent plus ensemble de façon exclusive comme avant.

    Même si le personnage a toujours eu des soucis avec les autorités, il faut avouer que la coïncidence semble grosse. Surtout au sein de la carrière d'un acteur qui s'est toujours raconté au travers de ses films. Il en va de même avec sa première apparition, de dos et dans la pénombre d'une cellule de prison où le personnage se "cache" après avoir mis en scène la mort de sa femme.

    Light the fuse Paramount Pictures.
    Light the fuse

    Nettement moins en odeur de sainteté qu'à l'époque des premier et second opus, Tom Cruise semble ici revenir sur la pointe des pieds et faire profil bas avant de reconquérir son monde : avec le mélange d'humour et d'action de la scène d'évasion de la prison d'abord, puis en se surpassant et faisant preuve d'un investissement XXL pour nous inviter à "repenser l'impossible", comme le dit l'une des bandes-annonces.

    Une opération de reconquête qui s'avère payante puisque, avec 694,7 millions de dollars de recettes dans le monde, Mission : Impossible - Protocole Fantôme a été l'opus le plus lucratif de la franchise jusqu'à ce que Fallout ne le dépasse. Et il revient très souvent sur le podium lorsqu'il s'agit de faire un classement des épisodes, malgré un méchant oubliable et un récit moins solide qu'on ne le pense.

    Fort de la mise en scène de Brad Bird, aussi virevoltante que dans le générique réorchestré de façon audacieuse par Michael Giacchino, le long métrage s'avère pourtant plus fort visuellement et dans sa façon de raconter son histoire que sur le plan thématique, beaucoup plus léger que dans les précédents.

    Il n'en reste pas moins un divertissement jubilatoire et de haute volée, qui permet à sa star de renouer avec les sommets, au propre comme au figuré, et de finir avec le sourire avant de disparaître au cœur d'un nuage de fumée. À l'échelle de la saga, il se révèle également très important en établissant un standard que les opus suivants chercheront à dépasser et en faisant intervenir Christopher McQuarrie, scénariste qui officie ici en tant que script doctor et s'apprête à prendre du galon.

    Épisodes précédents :

    • Mission Impossible : quand Tom Cruise nous coupait le souffle pour la première fois
    • Mission Impossible 2 : quand Tom Cruise faisait de la moto sans les pieds
    • Mission Impossible 3 : quand Tom Cruise affrontait le meilleur méchant de la saga

    Prochain épisode : quand Tom Cruise prenait l'avion pas comme tout le monde

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