S’éloigne des propositions futuristes à la Blade Runner, Annihilation embarque les spectateurs dans la zone X, où des phénomènes étranges sont constatés par une expédition de scientifiques, parmi lesquelles Lena (Natalie Portman). Cette dernière s’est portée volontaire pour comprendre ce qui est arrivé à son mari Kane (Oscar Isaac), militaire revenu de la précédente expédition avec de graves séquelles psychologiques et physiques.
Lena et ses collègues vont elles aussi affronter la zone X et les mystères qu’elle renferme. Chacune d’entre elles subit les conséquences des mutations de la zone, envahie par une force alien qui altère les différentes espèces...
Le destin de l'oeuvre d'Alex Garland est assez contrarié. Après son coup d’éclat pour sa première réalisation solo en 2014 avec le formidable Ex Machina, il est revenu en 2018 avec Annihilation, un superbe film de science-fiction mélancolique où la nature reprend ses droits sur l’être humain.
Le studio Paramount, qui produisait le film, le jugeait trop compliqué, et demanda au réalisateur de rendre le personnage de Natalie Portman plus sympathique et de modifier la fin de son film. Le producteur, Scott Rudin, a soutenu Alex Garland contre David Ellison, un financier de la Paramount, alors en plein changement de direction.
Une solution fut toutefois trouvée : le film restera tel qu’il est et Paramount s’occupera de la sortie en salles aux Etats-Unis et en Chine. Un deal fut signé avec Netflix pour que la plateforme américaine diffuse le film dans le reste du monde 17 jours après la sortie officielle américaine.
Une sortie qui se fit d'ailleurs sur la pointe des pieds au pays de l'oncle Sam : à peine plus de 2000 écrans.... Produit pour 55 millions de dollars (même si d'autres sources évoquent un budget de 40 millions $), Annihilation n'en a rapporté que 43 millions. Autant dire un gifle cinglante au Box Office international.
Adaptation du premier volet d'une trilogie littéraire écrite par l'auteur Jeff VanderMeer et baptisée The Southern Reach Trilogy, Annihilation est suivi de Authority et d'Acceptance; les trois récits ayant été publiés à quelques mois d'intervalles en 2014. La Paramount avait mis une option sur la saga littéraire dès l'année précédente, en vue d'en faire une trilogie. Ce qui n'a donc pas été le cas.
Dans des propos de Garland rapportés par le site IndieWire en 2018, à l'époque de la sortie du film, le cinéaste avait d'ailleurs balayé cette idée d'enchaîner lui-même ces éventuelles suites. "Je n'ai aucun problème si quelqu'un les réalise, mais je ne suis pas intéressé par l'idée d'une suite.
Dès que j'ai fini quelque chose, je passe instantanément à autre chose; donc je n'ai pas d'opinion sur une suite à Annihilation. Dès le début, j'ai été clair avec tout le monde, du studio au casting, que je ne le voyais pas comme faisant partie d'une franchise. Mon but était de faire ce film et de le faire du mieux que je peux".
Et d'enfoncer un peu plus le clou : "Les suites ne m'intéressent pas. C'est comme lorsque vous n'aimez pas la viande, vous ne prenez pas la décision de ne pas manger de viande, vous ne mangez tout simplement pas de viande. Je ne fais pas de suite". Fermez le ban donc.
Reste donc cette oeuvre intelligente et singulière, qui navigue entre l'horreur et la philosophie, à découvrir sur Netflix.